La situation au Maroc est calme. Les porte-plume du pouvoir peuvent donner libre cours à leurs délires sur l’exception marocaine, sur le plus beau pays du monde, sur la démocratie et tout le baratin. Mais ce calme plat est trompeur.
Les mouvements de fond dans cette société ne sont pas visibles comme souvent dans la très courte durée de tels mouvements dans les autres sociétés. Dans les sociétés démocratiques il y a toutefois des indicateurs, des signaux qui affichent la température intérieure du pays, qui alertent même s’ils n’intègrent pas toujours dans leur perception les bas-fonds.
Au Maroc, il n’y a rien, le pouvoir aime éclaircir son horizon, son tableau de bord est au beau fixe. Il a nettoyé le paysage non seulement des opposants radicaux mais même des relais, des tampons, des signaux. Il aime le faux calme plat comme dans l’océan, il a même la réponse aux contretemps qui peuvent survenir : il n’a pas de relais mais il a des gardes côtes qui tirent au premier mouvement. C’est ainsi qu’il gère sa société.
La société marocaine souffre, se tord même de douleur dans son corps comme dans son âme, mais elle n’a pas de représentants ni d’émissaires qui parleraient de ses douleurs. Alors elle déborde de temps à autre pour libérer la colère qui lui brûle les entrailles. Elle sait d’avance à quoi s’attendre, la répression est le seul langage dont use le pouvoir avec elle, parce qu’il n’en n’a pas d’autre, parce que tout le reste il l’a pris pour lui. Alors il veille sur ce faux calme plat qu’il traite avec des électrochocs successifs à chaque fois que la marée se fait haute à son goût.
Mohammed Ennaji
Source: Facebook