Situation économique et financière : Les signaux sont au rouge
Tous les indicateurs économiques sont au rouge et rien, absolument rien, n’autorise désormais les pouvoirs publics à dissimuler la vérité aux Algériens, tellement les signes de la faillite sont devenus apparents. La situation critique des finances publiques est devenue beaucoup trop insoutenable, obligeant les hauts responsables, et à leur tête le Premier ministre, à passer aux « aveux » et plaider pour des réformes structurelles, seule et unique solution à leurs yeux, pour permettre à l’économie algérienne de renouer avec la croissance.
Le dernier en date à intervenir publiquement, est le directeur général de la prévision et des politiques au ministère des Finances. Dans un entretien accordé, hier, à la radio nationale, Sidi Mohamed Ferhane a reconnu que la pression sur la balance des paiements, causée essentiellement par les importations de marchandises et aussi de services, risque fortement d’accélérer l’érosion des réserves de changes.
Pour le moment a-t-il dit, l’Algérie « a encore une marge de manœuvre » dans la gestion de ses réserves de change, mais si les importations des services se poursuivent au même rythme, les 82 milliards de dollars qui restent, risquent de s’épuiser plus vite qu’on le pense. « On peut dire que jusqu’à 2023 on a la possibilité de remonter la pente », a-t-il affirmé ; mais à condition, il faut trouver une solution radicale, permettant de faire baisser les importations de service, qui représentent aujourd’hui 10 à 11 milliards de dollars par an.
Selon le même responsable, ces importations « sont constituées principalement par le transport maritime, à peu près 3 milliards de dollars, et toutes les études qui concernent le secteur du BTP qui ont représenté 3.5 milliards en 2017 ». Il s’agit de niveaux démesurés. « Ce sont des niveaux énormes, ce qu’on appelle des déficits structurels auxquels il faudrait vraiment donner de l’importance.
Pour le maritime, on est en train de renouveler la flotte car la plupart de nos marchandises sont importées et sont affrétées par des compagnies étrangères », a précisé directeur général de la prévision et des politiques au ministère des Finances. Pour le même responsable, plus de 80 % du budget de fonctionnement de l’État est dédié aux salaires des fonctionnaires et aux transferts sociaux. « Cette part représente presque 3500 milliards de dinars, c’est très important », a-t-il affirmé.
Concernant les transferts sociaux, le responsable au ministère des Finances a indiqué que 1700 milliards de dinars ont été dédiés en 2017 aux subventions des produits énergétiques, à savoir l’électricité, le gaz et les carburants. « On devrait commencer d’abord par revoir les prix des produits énergétiques, qui consomment la part la plus importante des subventions », a-t-il estimé. « Sonatrach, Sonelgaz et Naftal sont pénalisés dans cette affaire de subventions. Sonatrach cède le baril de pétrole à 13 dollars. Le gaz est aussi en dessous d’un dollar la BTU.
Sonatrach cède également le gaz naturel à la Sonelgaz à un prix très bas. La réforme des subventions va permettre de libérer l’énergie pour ces entreprises (Sonatrach et Sonelgaz) pour qu’elles puissent investir », a-t-il affirmé, avant d’évoquer le problème provoqué par les surévaluations des projets, qui ont représenté 1200 milliards de dinars.
L’intervention du haut cadre au ministère des Finances fait suite à une instruction du Premier ministre, ordonnant à tous les ministres de prendre des mesures urgentes pour réduire et éponger les dettes des entreprises économiques publiques de leurs secteurs respectifs avec le Trésor public.
Cette instruction portant le numéro 16/12, et adoptée suite à la réunion du conseil d’administration du Conseil de participation de l’Etat du 12 décembre 2018, présidée par le Premier ministre en tant que président du conseil, prévoit un certain nombre de mesures et d’ordonnances pour les ministres des secteurs concernés afin de faire face à l’accumulation de la dette et à la situation catastrophique de la plupart des entreprises économiques publiques, qui «menacent désormais le Trésor public de faillite». Serait-ce un signe clair annonçant une vaste opération de privatisation des entreprises publiques.
Mohamed Mebarki