Maroc- La facture de la colère: une fracture dans la gouvernance?

En scrutant et analysant de près l’actualité, ces jours-ci, j’ose dire que personne n’aime être à la place de notre gouvernement. Une armada de têtes pensantes mais à court de sous et surtout d’idées sur comment et où aller en trouver. Alors qu’en France, les gilets jaunes ont remué ciel et terre pour pousser le gouvernement à aller en chercher dans les poches des fortunés; ici au Maroc, on tourne la langue sept fois dans la bouche avant d’oser aller se frotter aux grandes fortunes.

Donc , oū va t-on aller en trouver? Chez les fonctionnaires qui sont la tête de bélier qu’on place devant pour absorber tous les chocs des crises et réajustements et même maladresses de gestion(caisse de la retraite en tête)?

Et puisque les intouchables sont hors d’atteinte, il fallait chercher une solution, non plutôt une source à sous. Et puisqu’on ne peut pas chercher plus loin que chez ceux qu’on connaît bien, Eurêka! nous allons, dans un esprit de transparence et de restructuration des impôts, imposer la facturation aux grands commerçants.

L’idée est plus que géniale! Même qu’elle est capable de garantir des rentrées d’argent assez conséquentes pour le fisc. A vous messieurs les fiscalistes! sortez vos calculettes. Bingo, ça va être un sacré « pactole ». Honni soit mal qui pense de nos services des impôts et du ministère des finances Mais comme toujours , la joie était de courte durée. Non, on ne passe pas, on ne paye pas, circulez, il n’y a rien à voir, les grossistes ne veulent pas lâcher le centime et vont même jusqu’à manifester devant la direction régionale des impôts, traitant ses occupants de tous les noms. Certes, le morceau cette fois-ci est de taille mais il ne se laisse pas avoir facilement.

A vrai dire, on s’attendait à une réaction vive et énergique du gouvernement: oser insulter nos services, c’est le comble! on va sévir! Ah oui, et comment? Et bien, nous allons abandonner toute nouvelle mesure de facturation. J’avoue, encore une fois, que j’ai perdu mon latin devant cette capitulation brusque mais, somme toute, sage. Et parfois, il m’arrive de me poser la question: puisque les grands commerçants sont des durs à cuire et surtout à négocier, comment n’a-t on pas réussi à les convaincre, qu’encore une fois, avec ou sans facture, ils n’auront rien à sortir de leur poche; mais, au contraire, ils empocheront davantage de bénéfices puisque même la facturation va se répercuter sur le pouvoir d’achat du consommateur. Le pauvre? Non, après tout, c’en est bien fait pour lui, il n’a qu’à ne pas se trouver là où il ne faut pas, c’est à dire à la fin de la chaîne, sur le chemin du rouleau compresseur!

M. A.Marchoudi –