Des documents secrets britanniques, comprenant des informations attribuées à des ministres et officiels français concernés par la crise sanglante qu’a vécue l’Algérie alors, ont montré que “le régime (algérien) était au bord de l’effondrement…que les islamistes arriveront le pouvoir”…des centaines de milliers d’Algériens devraient quitter le pays pour le sud de la France.
Ils tombent l’un après l’autre comme un château de cartes. Si l’Algérie était livrée aux mains des groupes islamistes, la Tunisie serait menacée, y compris le Maroc. Tout comme l’Égypte qui ne serait pas elle-aussi épargnée par les répercussions en Algérie…Telles sont les appréciations erronées de la France quant à la situation qui régnait en Algérie pendant les années 1990…
Le journal “Al Chark Al Awsat” (Moyen-Orient) a publié une série de rapports établis par les services secrets britanniques, citant de hauts responsables français, dressant un tableau noir sur la situation de l’Algérie en 1994.
Ces rapports, dont le sceau de secret a été levé vendredi aux archives nationales britanniques, ont révélé que les Français avaient informaient leurs homologues britanniques qu’ils prévoyaient une chute du régime algérien et l’arrivée au pouvoir des Islamistes et qu’ils se préparaient, dès lors, pour la réception de 500 mille Algériens qui devraient fuir le pays.
Selon le journal, c’était la première fois où les officiels français se montrer aussi pessimistes vis-à-vis de l’atmosphère qui planait sur l’Algérie et du “combat sans merci” que se sont livrés les forces de sécurité d’un côté et les groupes armés d’un autre.
Les responsables français, à en croire les documents britanniques, ont estimé que le gouvernement du président Liamine Zeroual ne pouvait absolument pas résister si longtemps face aux islamistes armés et que le Front islamique du salut (FIS) dissout devrait arriver au trône, d’autant plus que l’arrêt du processus électoral et l’emprisonnement de ses leaders politiques, auraient poussé des milliers de ses partisans à rejoindre de différents groupes armés.
A cet effet, ajoutent ces mêmes documents britanniques, les Français s’étaient plaints de l’activité des islamistes algériens sur le sol du Royaume-Uni, en faisant allusion à la complaisance de leurs voisins (britanniques) par rapport à ce phénomène.
Cette plainte a été initiée par Charles Pasqua, ministre français de l’Intérieur, connu pour son intransigeance envers la menace terroriste liée aux islamistes algériens, sachant qu’il était ministre d’un gouvernement de la droite conduit par Eduard Balladur (Rassemblement Pour la République RPR) sous le président socialistes, François Mitterrand.
Les rapports expliquent également que prendre une décision ferme vis-à-vis de la menace terroriste vaut à son auteur une popularité en France qui s’apprêtait alors à organiser des élections présidentielles l’année d’après (1995). Des élections remportées, faut-il le rappeler, par Jacques Chirac.
Ils ont aussi révélé que la France était plongée dans le tumulte après les menaces proférées par le Groupe islamique armé (GIA) qui a tué cinq (05) ressortissants français, dont deux exerçant au consulat de France à Aïn Allah (ouest d’Alger).
Citant des officiels français, la même source a fait savoir que le président Liamine Zeroual avait décliné l’invitation de son homologue français, François Mitterrand pour célébrer le débarquement des alliés au sud de la France par crainte d’être renversé par un coup d’Etat pendant son absence.
Le rapport du journal “Al Chark Al Awsat” a conclu que le régime algérien avait prouvé au final l’erreur d’appréciation des Français, indiquant que “ses forces de sécurité avaient vaincu les groupes terroristes. Mais, les craintes des Français leur donneront raison car des attentats terroristes ont vite ébranlé l’Hexagone “.