Mauritanie-Sénégal : un terrain d’entente pour entrerrer un passé turbulent

Selon des informations rapportées par la presse locale, la Mauritanie et le Sénégal viennent de conclure un accord historique pour l’exploitation conjointe d’un gisement de gaz en haute mer dans l’Atlantique, qui dispose d’une réserve estimée à 425.000 millions de mètres cubes.

Les leaders des deux pays, Mohamed Ould Abdelaziz et Macky Sall ont signé le 21 décembre à Nouakchott de nouveaux accords gaziers, les « derniers nécessaires » avant le lancement de l’exploitation à l’horizon 2022 du champ marin de « Grand Tortue-Ahmeyin », à la frontière entre les deux pays.

Le gisement sera exploité par un consortium formé de Kosmos énergie et de British Petrolum et la production est prévue pour l’année 2021.

L’importance de cet accord est qu’il ouvre une nouvelle ère dans les relations entre la Mauritanie et le Sénégal caractérisées depuis les années 1980 par des conflits ethniques qui ont menacé la stabilité de la région.

​Les événements d’avril 1989 ont amené le Sénégal et la Mauritanie à un point de confrontation ouverte et laissé une blessure dans le corps politiques des deux pays. La tension entre les deux états riverains du Fleuve Sénégal s’est développée à la suite d’un accrochage entre des bergers peuls mauritaniens et des paysans soninké sénégalais dans la ville de Diawara, une localité du Sénégal. L’armée mauritanienne est intervenue laissant deux Sénégalais sont tués, plusieurs grièvement blessés, et une douzaine retenus en otages.

Deux semaines après, ce sont des commerçants maures blancs qui voient leurs boutiques pillées et incendiées, des professionnels maures noirs sont brûlés vifs dans les fours de leur « dibiterie » (mechoui) ou encore décapités. Ceux qui étaient à Kaolack ont été couverts par les cheikhs de la Tidjaniyya. Il en est de même des chefs religieux relevant de la Qadiriyya (pour l’essentiel descendants de Cheikh Saad Bouh).

Fin avril des centaines de Sénégalais sont tués ou mutilés à Nouakchott et dans plusieurs autres villes mauritaniennes, et lorsque les rapatriements ont commencé, les Maures ont fait l’objet de vives représailles à partir du 28 avril. À ce moment-là, le chiffre officiel est de 60 victimes. Chaque pays entreprend alors de rapatrier ses ressortissants, grâce à un pont aérien mis en place par la France, l’Algérie, l’Espagne et le Maroc.

L’état d’urgence et le couvre-feu sont instaurés sur la région de Dakar afin de contrôler une foule surexcitée. L’escalade est évitée. C’est en ce moment qu’Abdou Diouf, président de la république du Sénégal, ordonna à l’armée sénégalaise de protéger les ressortissants mauritaniens en les amenant au bataillon du train pour assurer leur rapatriement en Mauritanie. 160.000 Mauritaniens et 70.000 Sénégalais sont rapatriés à ce moment-là.