Le gouvernement marocain a approuvé jeudi 27 décembre un décret qui suspend les droits de douane sur les importations de blé tendre et de ses dérivés jusqu’au 30 avril prochain en guise de « mesure sociale » qui vise à » préserver le pouvoir d’achat » des Marocains et à empêcher le prix du pain de monter en flèche.
Le porte-parole du gouvernement, Mustafa Jalfi, a déclaré lors d’une conférence de presse après le Conseil du gouvernement que le pouvoir exécutif avait pris cette mesure pour éviter une augmentation du prix du blé et par conséquent du prix du pain, considéré comme un produit garant de la paix social dans le pays.
Jalfi a expliqué que l’imposition du droit de douane de 30% sur les importations de blé ferait monter le coût de ce produit à 300 dirhams (27 euros) par quintal, au lieu du prix stable de 260 dirhams (23 euros) par quintal. Ce qui, selon le ministre, aura un impact négatif sur le prix de ce produit sur le marché local. Les réserves de blé tendre du Maghreb ont atteint 1,43 million de tonnes, ce qui couvre les besoins des minoteries nationales pendant trois mois et sept jours.
Le ministre marocain a souligné que le prix du blé tendre est resté stable sur le marché international au mois d’octobre dernier (250 dollars la tonne), après une augmentation importante enregistrée en mai dernier.
« Malgré cette situation, le marché mondial reste tendu en raison d’une baisse significative de la production des principaux exportateurs et de la réduction progressive de l’offre exportable de la région de la mer Noire », a déclaré Jalfi.
Le gouvernement marocain revoit périodiquement les tarifs d’importation sur le blé tendre en fonction de l’offre mondiale et de la situation de la production nationale.
Le prix du pain est considéré au Maroc comme « une ligne rouge » que les autorités n’osent pas franchir en raison des souvernis amères laissés par les révoltes sociales de Casablanca en 1981 dans lesquelles 66 personnes ont été tuées originées par une hausse supérieure à 77% du prix du pain. Le roi Hassan II avait été contraint, à l’époque, de faire marche arrière et annuler sa décision de vendre le pain plus cher.
Oujda, Berkane, Nador, et Casablanca se sont soulevés pour dénoncer les réductions des subventions et l’augmentation brutale des prix de 14 à 77 % pour le blé, l’huile, le beurre et la farine. C’est la raison pour laquelle ces émeutes populaires sont connues sous le nom de « Révolte du Pain ».
Selon des statistiques publiées par le journal El Massae en 2013, ‘105 millions de rondes et baguettes de pain sont consommées par jour au Maroc, soit une moyenne de trois pour chaque habitant.