Le spectre de Daech plane sur le Maroc

L’organisation terroriste Daech vient de revendiquer l’assassinat sauvage de deux touristes scandinaves (Louisa Jespersen, une Danoise de 24 ans, et Maren Ueland, une Norvégienne de 28 ans) à Imlil, dans le Haut Atlas marocains.

Les services de sécurité marocains ont arrêté à ce jour neuf individus au total, dans cinq villes marocaines Marrakech, Essaouira, Sidi Bennour, Tanger et Chtouka-Ait Baha, pour leurs liens présumés avec les auteurs de l’acte terroriste qui a coûté la vie aux deux touristes étrangères.

Tous sont soupçonnés de liens avec les quatre suspects interpellés dans le cadre de l’enquête sur le meurtre. Les perquisitions effectuées dans le cadre de cette affaire ont permis la saisie de matériels électroniques, d’un fusil de chasse non autorisé, d’armes blanches, de torches, d’une jumelle, d’une tenue militaire, de lunettes de protection de laboratoire, outre une quantité de matières suspectes pouvant servir à la fabrication et la confection d’explosifs et qui ont été soumis aux services techniques compétents pour faire l’objet de l’expertise scientifique nécessaire. Cela porte à 13 individus le nombre des auteurs de cet attentat terroriste.

Le Maroc se réveille aujourd’hui hébété, avec une affaire qui montre l’ampleur de la pénétration du groupe Daech dans ce pays. Cette organisation terroriste a étendu ses tentacules loin des grandes villes. Ce crime vient de révéler à la face du monde la menace de cette organisation au Maroc, qui a longtemps « caché le soleil avec le tamis », et révélé l’étendue du danger terroriste.

En effet, le Maroc, qui a toujours défendu dans les grands forums mondiaux un statut de « pays sûr », est en face d’une réalité quotidienne implacable. Malgré la feinte du début, les services de sécurité marocains ayant présenté ce crime comme un fait divers lié à une agression physique, la vérité est là : c’est un crime terroriste dans le plus pur style de cette organisation de l’EI, qu’elle a développé et introduit dans ses deux guerres en Irak et en Syrie.

La gêne des officiels marocains est multipliée par dix, car cette action terroriste a mis à nu les dysfonctionnements d’un appareil sécuritaire totalement inefficace, absent et hors champ.

Cette incursion terroriste en pleine montagne et à retentissement international va porter un coup de massue à un pays qui dépend énormément du tourisme. Cela n’est que la partie visible de l’iceberg.

Le Maroc est aujourd’hui face à cette implacable réalité de la résurgence du terrorisme, notamment à travers le retour des terroristes marocains ayant combattu dans les rangs de Daech en Syrie et qui ont dû fuir suite aux coups de boutoir de l’armée syrienne.

Le ministre algérien des AE, Abdelkader Messahel, avait fait état de la menace des terroristes marocains qui se dirigeaient en Libye ou en Syrie. Sa prédiction s’est avérée juste. Face à un afflux massif de terroristes marocains de retour dans leur pays, le gouvernement marocain, dépassé par le nombre, a dû demander à Interpol d’envoyer ses policiers, qui contrôlent depuis quelques jours tous les ports et aéroports marocains. Ces terroristes profitent de la venue de milliers de membres de la communauté marocaine vivant à l’étranger pour les vacances d’hiver pour se faufiler dans la masse. Une infime partie a été arrêtée mais le plus grand nombre arrive à passer les contrôles et à disparaître dans la nature, dans la perspective d’une réorganisation pour commettre des attentats dans le pays ou en commanditer d’autres ailleurs, en Europe ou dans les pays voisins, dont l’Algérie.

Un rapport américain relevait, en 2017, le nombre de 1 625 Marocains dont 198 seraient de retour : « Daech s’est définitivement installé au Maroc, considéré comme le principal exportateur de djihadistes pour l’organisation terroriste en Syrie » indiquait, par ailleurs, le journal britannique The Sun récemment.

Dans une enquête sur la filière marocaine de Daech publiée en 2017, The Sun soulignait qu’« environ 1 800 Marocains sont devenus des combattants djihadistes en Libye, en Irak et en Syrie ces dernières années », en se référant aux chiffres officiels marocains. Le média britannique ajoutait qu’« un millier de djihadistes se seraient convertis dans la contrebande au Maroc après la débâcle de Daech en Irak et en Syrie ». The Sun estimait, enfin, que le Maroc « est maintenant considéré comme un tremplin pour les attaques » en Europe et au Maghreb.

Depuis 2015, plus d’une cinquantaine de cellules terroristes ont été démantelées. Cette situation constitue une grave menace sur la région du fait que le Maroc, miné par une explosion sociale et aussi par le fait que ses alliés, dont la France, continuent de cacher cette vérité de peur que cela impacte le tourisme, principal pourvoyeur de devises de ce pays.

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