PARIS (Reuters) – Emmanuel Macron va “finaliser et clarifier” ce mardi les règles de la grande concertation de terrain promise pour répondre à la crise des “Gilets jaunes” qui doit accompagner les Français dans la “transition écologique et sociale”.
Une réunion est prévue à 18h à l’Elysée en présence des ministres concernés et du Premier ministre Edouard Philippe.
“Cette concertation ne doit ressembler à aucune autre”, a prévenu le chef du gouvernement à propos de ce débat qui portera sur quatre thèmes (transition écologique, fiscalité, organisation de l’Etat et démocratie et citoyenneté).
Un temps envisagée comme une thématique à part entière, la question de l’immigration, qui avait suscité des critiques à gauche et de certaines associations et syndicats, a finalement été ajoutée au thème “démocratie et citoyenneté”.
Voici les principaux points de cette concertation :
CALENDRIER ET OBJECTIFS
Le débat, qui devait initialement débuter le 15 décembre, est prévu pour durer deux mois et s’achèvera le 1er mars. “Il devra déboucher sur des traductions concrètes dans la vie quotidienne de nos compatriotes”, a prévenu Edouard Philippe.
Il aura “pour mission au fond de construire ce nouveau modèle économique, social, territorial dont nous avons besoin, de le construire en apportant des solutions, des méthodes d’accompagnement”, a précisé Emmanuel Macron.
Ses conclusions devraient notamment nourrir la réforme constitutionnelle, dont l’examen devait débuter en janvier et qui a, par conséquent, été décalé afin de “tenir compte des éventuelles modifications qui seront souhaitées par les Français” à l’occasion du débat national.
QUI PARTICIPERA?
L’exécutif entend mobiliser les institutions, les organisations syndicales et patronales, les ONG, les collectivités locales et les parlementaires.
Il faut que “toutes les associations intéressées puissent, y compris localement, y participer” et que “les représentants des Gilets jaunes dans chaque région puissent également y prendre part et proposer des solutions parce que nous ne pouvons pas être dans la dénonciation réciproque”, a déclaré Emmanuel Macron fin novembre, demandant “des solutions à apporter concrètement”.
L’organisation du débat sera confiée à la présidente de la commission nationale du débat public, Chantal Jouanno, qui sera chargé “d’informer les citoyens et de faire en sorte que leur point de vue soit pris en compte dans le processus de décision”.
Un “comité des garants”, des personnalités d’horizon divers, sera chargé de superviser le bon déroulement et de garantir la transparence et l’authenticité des concertations.
OÙ LE DÉBAT SE TIENDRA-T-IL?
“Il y a aura bien sûr un dialogue au niveau national mais le débat doit aussi avoir lieu au plus près des Français, sur tous les territoires, dans leur diversité”, a indiqué Edouard Philippe. “Il faudra des réunions locales, des conférences nationales thématiques, des sites internet, des débats filmés”.
“L’idée générale de ce débat, c’est d’en faire un jardin à l’anglaise plutôt qu’un jardin à la française : il doit être foisonnant”, a-t-il ajouté la semaine dernière lors d’un discours aux 30 ans de “Villes de France”.
QUELS SUJETS SERONT ABORDÉS?
* Comment mieux accompagner les Français dans leur vie quotidienne pour se loger, se déplacer, se chauffer ? “Le gouvernement a fait des propositions, peut-être sont-elles trop techniques ou insuffisantes, le mieux c’est d’en parler avec les Français, avec les professionnels et avec les élus, en particulier les maires”, a dit Edouard Philippe.
Concernant les trajets domicile-travail, l’exécutif souhaite engager une réflexion avec les partenaires sociaux et les élus locaux en vue d’une meilleure prise en charge des transports, notamment dans les zones rurales. Le Premier ministre a fixé comme objectif de proposer des solutions d’ici six mois.
* Comment rendre notre fiscalité plus juste, plus efficace, plus compétitive et plus lisible ? “Nous devons ouvrir un large débat sur les impôts et les dépenses publiques, un débat qui pourrait prendre la forme ‘d’états généraux’ comme le réclament bon nombre de manifestants”, a dit Edouard Philippe, ajoutant qu’il ne devait pas entraîner de nouvelles taxes ou accroître les déficits.
* Comment faire évoluer la pratique de la démocratie et de la citoyenneté ?
Le Premier ministre s’est notamment déclaré, sur le principe, favorable à un référendum d’initiative citoyenne (RIC) mais “pas dans n’importe quelles conditions”. La question de l’immigration sera également abordée dans le cadre de cette thématique.
* Comment faire évoluer l’organisation de l’État et des services publics pour les rendre plus proches des Français et plus efficaces ?
“Tout n’est pas parfait, loin de là, mais il suffit de regarder ailleurs pour se rendre compte qu’en France, nous bénéficions de soins, de services de très grande qualité”, a souligné Edouard Philippe.