J’ai juste honte, poème de Samira Kinani

on ne voit plus que du gris..

aucun sens..

aucune envie..

on survit..

tant de rêves brisés

pas parce qu’ils étaient impossibles…

au contraire..

des rêves si simples

d’une vie ou chacun pourrait avoir sa part de bonheur..

puis survint le printemps arabe

c’est ainsi qu’on l’a nommé..

des millions de personnes

dans une zone de la terre

riche de ses matières premières..

étouffée par des dictatures..

décident de crier baraka..

une allégresse sans précèdent m’émergea

enfin

on pourrait vivre debout..

on sortait toutes et tous ensemble..

femmes. .hommes..

laïques..islamistes..

avec un seul mot d’ordre

la dignité..

ce ne fut pas au gout de nos dictatures

ni de leurs seigneurs en Europe et Amérique..

tous les moyens furent bons

pour briser cet élan vers la liberté..

répression ..variant

selon les régions et selon la puissance de cet élan

de la tuerie froide et déterminée

à une répression plus nuancée..

nos « frères » du golfe ouvrirent les caisses..

la propagande contre ce souffle atteint des proportions inimaginables..

c’est la stabilité ou le chaos..

la répression sanguinaire en Syrie et ailleurs

a renforcé le rang des extrémistes..

normal

l’extrémisme conduit à l’extrémisme..

la beauté de ces marches fut masquée par des scènes d’horreur..

faut tuer cet embryon avant qu’il ne prenne forme

fut le mot d’ordre ..

oui tout ça est compréhensible et logique de la part de ceux qui pour

défendre leurs intérêts sont prêts aux boucheries les plus atroces..

mais la propagande fasciste et réactionnaire a aussi touché nos rangs..

et le combat a change de camp

parmi nous

on défendait les bouchers de leurs peuples

parmi nous naquirent des islamophobes pire de ceux de la droite

européenne

parmi nous émergèrent des énergumènes qui rabaissent tout ce qui vient

des leurs..de leur peuple..

et c’est ça qui me tue..

comment peut-on prétendre défendre la dignité et applaudir le massacre

d’autres individus juste parce qu’ils sont différents de nous..

ça m’a brisée

ça m’a fait reculer

ça m’a fait douter

pas de mes rêves

mais de mes compagnons de toujours

ceux que j’ai aimé

ceux qui furent une boussole pour moi..

et je me sens vide

et je me sens hébétée

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