Le dirigeant du groupe Renault est soupçonné d’avoir dissimulé 5 milliards de yens (38 millions d’euros) de revenus au fisc nippon entre 2011 et 2015. D’autres faits semblables concernant une somme de 4 milliards lui sont aussi reprochés.
Par Sophie Lamberts
Carlos Ghosn n’a fait aucun commentaire sur les derniers développements de l’affaire. Crédits : VANDERLEI ALMEIDA / AFP
Nouvel épisode dans l’affaire Carlos Ghosn. Après 22 jours de garde à vue, l’ex-patron de Nissan, et toujours PDG de Renault, a été mis en examen ce lundi 10 décembre. Le parquet de Tokyo a tranché : Carlos Ghosn est inculpé pour avoir minimisé ses déclarations de revenus entre 2010 et 2015.
Son bras droit Greg Kelly, arrêté en même temps que lui, a aussi été inculpé. Selon les médias japonais, la garde à vue des deux hommes aurait été prolongée sur de nouvelles charges semblables, concernant cette fois-ci la période 2015-2018 et une somme de 4 milliards de yens. Le fondateur de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors pourrait ainsi rester derrière les barreaux jusqu’au 1er janvier 2019.
Nissan, que l’homme d’affaires dirigeait, a également été mise en examen en tant qu’entreprise : le parquet jugeant que la responsabilité du constructeur nippon est aussi engagée, puisque c’est elle qui a remis les rapports incriminés aux autorités boursières.
Les déclarations de revenus sont en effet normalement rédigées par la société, pas par la personne concernée. Dans un communiqué, le constructeur a fait part de « ses regrets les plus sincères », reconnaissant que l’affaire « nuisait fortement à l’intégrité de sa communication auprès des marchés ».
Coup de pression également du côté de Hiroto Saikawa, actuel PDG et président par intérim de Nissan. Depuis sa nomination à la direction générale en 2017, il aurait commencé à prendre ses distances vis-à-vis de la politique de Carlos Ghosn, notamment autour du projet de fusion amorcé ces derniers mois entre Renault et Nissan, auquel Hiroto Saikawa ne croyait pas vraiment.
Certains voient dans la chute de Carlos Ghosn une manœuvre interne habile, alors que le dirigeant de l’alliance automobile se disait « mécontent du processus décisionnel » de Hiroto Saikawa, comme en a fait par le Wall Street Journal dans son édition du 9 décembre.
Selon le quotidien américain, les relations entre Carlos Ghosn et Hiroto Saikawa s’étaient dégradées – l’arrestation du patron de Renault survenant au moment où il voulait justement se séparer de Hiroto Saikawa. Mais un autre scénario s’est profilé : Carlos Ghosn a été arrêté et le conseil d’administration de Nissan a voté sa destitution.
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