Algérie- Seule transition politique : la Constituante souveraine du peuple

Brahim Younessi

Proroger le « mandat » du Président de la République d’un ou deux ans, cela s’appelle une transition qui ne dit pas son nom. Il semble, selon les partis du pouvoir et proches de lui, comme le MSP notamment, que cette longue durée servirait à réaliser un « consensus » sur les réformes institutionnelles, politiques et sociales à faire avant d’organiser « l’élection présidentielle ».

Je l’ai dit des dizaines de fois, tous les partis ne représentent pas plus de 20% (4.650.300 électeurs) du corps électoral évalué à 23.251.503 électeurs. 80% de la population en âge de voter, soit 18.601.203 Algériens ne sont pas concernés par ce faux « consensus » déjà réalisé sur le dos de l’écrasante majorité du peuple. Ces partis ne sont pas légitimes à décider en lieu et place du peuple algérien exclu de la décision qui le concerne au premier chef.

Ce tour de passe-passe ne trompe personne, pas même les plus crédules d’entre les Algériens déterminés à se servir de leur voix pour changer radicalement le Système et prendre le pouvoir de décision par le bas.

Comme ailleurs où la souveraineté populaire s’impose par la rue, le peuple algérien veut être, et il le démontre par son action et son abstention, l’artisan de son avenir, son devenir et de son développement économique et social.

Seule une Constituante souveraine du peuple est à même de réaliser ses aspirations de décentralisation de l’Etat, « faisant du village et du quartier une authentique autogestion, une authentique choura réactualisée ». Dans les années 80, le Mouvement pour la Démocratie en Algérie (MDA) les avait prises en considération dans son programme de gouvernement.

Ahmed Ben Bella avait parfaitement raison lorsqu’il avait évoqué, dans son discours d’orientation au Congrès constitutif de notre parti en 1984, « la choura et la Djemaa, notions intériorisées depuis quatorze siècles par notre mémoire collective, plutôt que de parler d’autogestion ou d’assemblée populaire qui ressortissent à un langage précieux, voire ésotérique. […] Le consensus de la Djemaa – démocratie totale – n’est […] point celui obtenu à huit-clos avec 51% des voix, mais celui qui se déroule publiquement, à l’air libre, et en présence des intéressés, tenant compte au maximum des préoccupations de la minorité. De même, le principe de révocation immédiate du mandat et son application dans les faits doivent être impérativement garantis. »

Dans ce type d’organisation horizontale, il n’y aura, ainsi que l’écrivait Paolo Freire, « ni oppresseur, ni opprimé, l’homme [sera] en voie de libération. » Le peuple algérien, j’en suis persuadé, saura faire, le moment venu, échec à ses conciliabules des partis dans les antichambres du Pouvoir.

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