PARIS-L’attentat de mardi soir à Strasbourg, ville abritant le mythique marché de Noël, qui a fait 3 morts et 13 blessés, constitue pour le président français Emmanuel Macron une nouvelle épreuve après celle des « gilets jaunes ».
Strasbourg, ville frontalière avec l’Allemagne, a été mardi soir le théâtre d’une fusillade meurtrière, dont l’auteur de l’attentat est blessé et toujours en fuite.
La ville a connu, quelques heures auparavant, des troubles suite à une manifestation des lycéens qui ont brûlé des véhicules et mis le feu aux poubelles de la municipalité.
Selon les premiers éléments d’informations, le suspect (29 ans) est né à Strasbourg et sorti de prison fin 2015. Il était connu comme « délinquant multirécidiviste depuis son plus jeune âge », selon une source sécuritaire, précisant qu’il avait été condamné en Allemagne par le tribunal de Singen, dans le Bade-Wurtemberg, pour vol, puis expulsé vers la France en 2017 après avoir purgé sa peine.
Selon la même source, il a une vingtaine de condamnations de droit commun en France et en Allemagne et il devait faire l’objet, mardi avant son forfait, d’une interpellation dans le cadre d’une affaire de tentative d’homicide, a-t-on ajouté.
Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « assassinats et tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste ».
Dans une conférence de presse, le procureur de Paris, Rémy Heitz, a indiqué que quatre proches de l’assaillant ont été placés en garde à vue.
Le niveau « urgence attentat », le plus haut niveau du plan Vigipirate, a été déclenché mardi soir sur toute la France. Il permet notamment aux autorités « la mobilisation exceptionnelle de moyens » le temps de la recherche d’un assaillant.
En effet, une opération de recherche a été lancée aussitôt et les services de sécurité ont engagé quelque 350 personnes, dont 100 membres de la police judiciaire, des militaires et deux hélicoptères, pour le localiser et l’arrêter, selon le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.
La police allemande a été également mise à contribution. Dans plusieurs points de passage à la frontière française, elle contrôlait mercredi les passagers.
En France, l’indignation est totale et cet attentat replonge, à quelques jours des fêtes de fin d’année, le pays dans la psychose des attentats de 2015 et 2016.
==Des appels pour une « trêve » de la mobilisation des « gilets jaunes »==
Ce qui constitue une nouvelle épreuve pour le président Macron et son gouvernement au moment où ils sont confrontés à une grave crise, née de la mobilisation des « gilets jaunes » en colère contre les augmentations fiscales et l’érosion du pouvoir d’achat des Français.
Le président français a multiplié, ce dernières 48 heures, des mesures en faveur de l’apaisement, mais il se trouve encore bousculé par cet attentat meurtrier.
Ce qui a poussé plusieurs responsables politiques, et même du côté des « gilets jaunes », à appeler à une « trêve » de la mobilisation citoyenne qui préparait l’acte V des manifestations pour samedi prochain.
Le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur, Laurent Nu?ez, a souhaité mercredi « qu’il y aura moins de manifestations », comptant sur une « responsabilité générale » des Français notamment après l’attaque de Strasbourg et du fait que l’assaillant est toujours en fuite.
« J’espère qu’on n’aura pas à mobiliser autant d’hommes simplement parce qu’il y aura une responsabilité générale dans le pays qui fera qu’on aura un peu moins de manifestations voire beaucoup moins », a-t-il dit.
Mais tout le monde s’interroge en France sur l’impact qu’aura cet attentat sur la suite du mouvement, mais en tout cas, les appels se font nombreux pour une éventuelle trêve.
Cependant, plusieurs « gilets jaunes » ont vu, à travers les réseaux sociaux qui se sont enflammés, dans cette attaque terroriste « la main de l’Etat pour détourner l’attention » de leur mouvement.
Un membre actif des « gilets jaunes », interrogé par l’AFP a déclaré ne « peut s’empêcher de penser que c’est bizarre, c’est un coup monté. On avait prévu de bloquer le Parlement européen, on savait dans quels hôtels étaient les députés, et comme par hasard ça a pété. Ils sont en train d’étouffer le mouvement ».
Mais de nombreux français ont réagi, dans les réseaux sociaux, contre ce « complotisme répugnant ».
Alors que le Rassemblement national a appelé les manifestants à respecter une « trêve » et la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a recommandé la suspension de la mobilisation, la France insoumise s’est indignée de la volonté d' »instrumentaliser » cet événement dramatique.
APS