Un coup d’épée dans l’eau

Le ministre de l’Intérieur Noureddine Bedoui, se trouvait hier, à Marrakech au Maroc, pour représenter l’Algérie à la Conférence internationale de l’ONU sur la migration. Le moment est important, tant pour les pays fournisseurs d’émigration que ceux, récepteurs de celle-ci.

Les élites du monde qu’ils soient d’un côté ou de l’autre, portent une lourde responsabilité pour chaque vie perdue dans la Méditerranée, la Mer Egée ou encore dans le désert.

Ce sont les politiques de ces hommes et ces femmes qui ont amené des drames humains où le nombre de victimes se compte en centaines de milliers. Ces victimes viennent tous du sud, mais leur malheur a été tissé dans les salons confortables des grandes capitales mondiales, au siège du FMI, de la Banque mondiale et autres Clubs de Londres ou de Paris où les dirigeants du sud se sont fait piéger ou corrompre par le capital.

Que ces chefs grands responsables de la planète, sachent donc qu’au moment où ces lignes s’écrivent, des projets de traversée sont montés dans de nombreux pays.

Les jeunes savent qu’il est encore possible d’arriver à destination et même échapper à toutes les patrouilles des Gardes-côtes algériens, italiens, espagnols, tunisiens et libyens ou encore grecs. Même si la presse n’évoque pas les voyages qui finissent bien, il reste toujours dans la tête des jeunes le nom d’un ami qui a réussi l’aventure. Et un seul coup de téléphone de l’autre côté de la Méditerranée, fait tâche d’huile dans tout de très nombreux quartiers des villes africaines et parmi ces cités, certains sont algériennes. Des centaines de jeunes sont aujourd’hui au large des cotes algériennes ou marocaines.

Peu importe pour ces candidats que ceux qui ont réussi vivent en clandestins dans les pays d’Europe occidentale. Ils vivent aussi dans l’espoir fou et très peu probable «d’épouser une femme de là-bas où qu’ils tombent sur un bon réseau de faux papiers, pour commencer sérieusement leur vie», se convainc le candidat.

Les législations répressives qui vont jusqu’à prévoir des peines de prisons pour les Harragas, n’ont eu aucun impact sur le phénomène dans les pays de départ. Ces harragas risquent déjà leurs vies en s’engageant dans un voyage à l’issue incertaine. Ce n’est pas les quelques mois de prison qui vont les arrêter. Les vrais criminels dans l’histoire de l’émigration clandestine, sont les passeurs qui gagnent un argent fou en profitant de la misère des jeunes.

Que feront donc les responsables du monde, réunis à Marrakech. Auront-ils l’audace d’interpeller le FMI, la Banque mondiale et tous les corrupteurs du nord ? Sauront-ils se regarder en face et reconnaître leur responsabilité dans le drame de l’humanité du 21e siècle ? Rien n’est moins sûr. Ne tournons pas autour du pot et reconnaissons que cette conférence est un énième coup d’épée dans l’eau.

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