Sofiane Abi
Tout a débuté en 2013, l’année où le trafic d’or s’est répandu d’une manière très alarmante dans le grand Sahara, où les mines d’or « fantômes », voire inexploitées par les autorités du pays, à défaut de trouver un bon partenaire étranger, sont régulièrement visitées par les chasseurs d’or. Les orpailleurs, de nationalités différentes, ont débarqué aux frontières algériennes dans le but d’accaparer l’or algérien. Munis de moyens sophistiqués : véhicules 4X4, téléphones satellitaires, marteaux-piqueurs, jumelles infrarouges, détecteurs de métaux précieux, groupes électrogènes et même, parfois, armes de guerre, les orpailleurs n’ont peur de rien.
Avec un peu plus de 176 tonnes d’or, l’Algérie occupe la 25e place mondiale et la 3e des pays arabes, selon le dernier classement du Conseil mondial de l’or (CMO) de février 2018. En Afrique, l’Algérie occupe la première place devant l’Afrique du Sud (29e), la Libye (31e), le Maroc (59e) et la Tunisie (77e). Les réserves souterraines d’or de l’Algérie sont estimées à plus de neuf milliards de dollars.
Devant tant de richesses, les orpailleurs, par milliers, ne profitent pour en faire un trafic organisé, à travers la grande ruée vers l’or du désert algérien. A Djanet, au Hoggar, à Tamanrasset et ailleurs les mines d’or inexploitées jusqu’à ce jour, à défaut de trouver un bon partenaire étranger, fascinent les chasseurs d’or venus de plusieurs pays africains et même au-delà. Fort heureusement, la présence des troupes de l’Armée nationale populaire (ANP) au niveau des frontières a permis d’arrêter, entre 2013 et 2018, plus de 5 000 orpailleurs étrangers et locaux. Pas plus loin qu’avant-hier, des détachements de l’ANP ont intercepté à Tamanrasset, In Guezzam et Djanet 36 orpailleurs et saisi six véhicules de type 4X4, 18 groupes électrogènes, 14 marteaux-piqueurs, un appareil de détection de métaux et un téléphone satellitaire.
C’est ce qu’a annoncé le ministère de la Défense dans un communiqué. Ce genre de pillage est devenu quotidien et les chasseurs d’or, semblent déterminés à mettre leur vie en péril pour le précieux métal jaune algérien.
Dans certaines régions du pays, les pépites d’or, très brillantes, sont visibles au premier coup d’œil ; elles peuvent être extraites à seulement une cinquantaine de mètres sous terre. Devant cette possibilité inespérée offerte, les orpailleurs ont investi dans le trafic d’or visant particulièrement l’Algérie.
Originaires de plusieurs nationalités, notamment des Soudanais, des Libyens, des Maliens ou encore des Nigériens, des Ivoiriens, des Tchadiens, et bien d’autres, avec la complicité des trafiquants d’or algériens, ils font l’objet d’une grande chasse à l’homme lancée par les forces de l’ANP et des GGF depuis l’apparition de ce fléau criminel.
Les mines isolées du désert algérien font l’objet d’un grand envahissement par des trafiquants de divers horizons, et pour cause : de l’or enfoui sous terre se trouve en grandes quantités. La nouvelle s’est propagée comme une traînée de poudre dans les milieux des trafiquants africains, allant jusqu’au nord-est de la mer Rouge, le Soudan.
Pour la seule période de 2014 à 2017, les différents détachements de l’ANP, appuyés par les GGF de la Gendarmerie nationale, ont arrêté plus de 3 000 trafiquants d’or, en flagrant délit d’extraction dans les mines. Rien qu’en 2017, les forces de l’ANP ont arrêté 516 orpailleurs et saisi 476 détecteurs de métaux, en plus de 668 groupes électrogènes et 520 marteaux-piqueurs et plus de 900 véhicules utilisés par les trafiquants.
L’année d’avant, soit en 2016, le bilan des arrestations de pilleurs d’or a battu tous les records. Selon le ministère de la Défense, 1977 orpailleurs, dont la plupart (1274) sont de nationalités africaines, ont été arrêtés. En outre, les forces de l’Armée ont saisi 18 armes de guerre en possession des orpailleurs. Ces derniers étaient équipés de 1722 détecteurs de métaux en plus d’un grand nombre de groupes électrogènes et de marteaux-piqueurs, de 170 véhicules tout-terrain et de 65 motos utilisés par les trafiquants dans leurs déplacements vers d’autres pays frontaliers.
A Tamanrasset, In Guezzam, Bordj Badji-Mokhtar et dans d’autres régions du Sud, des milliers de trafiquants algériens, subsahariens, soudanais, tunisiens, égyptiens, libyens ont investi les mines où ils arrivent souvent à voler des pépites du précieux métal jaune, à l’aide de détecteurs de métaux précieux, avant de les transférer hors du pays, voire jusqu’à Israël. Un nouveau fléau qui rapporte beaucoup d’argent aux trafiquants. Après le trafic de drogue, le trafic d’humains et la contrebande, voilà que le Sud du pays connaît, désormais, le trafic d’or.