WASHINGTON- Le Maroc se trouve au coeur d’un scandale de piratage de grande ampleur ayant visé plus d’un millier de personnes dans plusieurs pays, dont des personnalités de haut rang aux Etats-Unis, selon des révélations de la presse américaine.
L’affaire de piratage révélée il y a plusieurs mois à Washington a pris ces derniers jours une toute autre tournure, lorsque des lettres missives adressées à la justice américaine ont confirmé que l’accusé principal, l’ancien diplomate marocain à l’ONU, Jamal Benomar, aurait à la demande des autorités de son pays accepté de pirater d’influents citoyens américains au profit du Qatar.
Jamal Benomar, qui avait servi comme conseiller de Ban Ki-moon au Yémen, a été accusé mars dernier d’avoir participé à une vaste affaire de piratage orchestrée par le Qatar ayant visé, entre autres, le collecteur de fonds du président Trump, Elliott Broidy, un ancien responsable de la CIA et un membre actif du parti démocrate. Cette campagne d’espionnage a ciblé également des centaines de personnalités dans plusieurs pays y compris des militants syriens de droits de l’Homme et des figures du football égyptien.
Les accusés ont recouru durant plusieurs semaines à une véritable cyberattaque, utilisant la technique de l’hameçonnage, pour pirater les courriels d’Elliott Broidy, un influent républicain présenté comme hostile aux intérêts du Qatar à Washington.
Les courriels piratés de Broidy ont fait l’objet de fuites dans la presse américaine poussant le donateur républicain à poursuivre en justice le Qatar, et accusant en particulier Benomar de « faire partie d’un réseau d’agents non divulgués » du Qatar à Washington.
Le Bureau d’enquête fédéral (FBI) a, de son côté, ouvert une enquête et a interrogé plusieurs témoins sur ce piratage qui a porté atteinte à un membre actif du parti républicain.
Dans la précipitation, le Maroc a nommé l’ancien diplomate comme ministre plénipotentiaire à New York afin de lui accorder l’immunité diplomatique qui le protégera de toute poursuite judiciaire.
Dans une lettre adressée au tribunal fédéral du district de New York, Abbe Lowell, l’avocat de Jamal Benomar a affirmé que le statut de diplomate conférait à son client « une immunité totale à l’égard du procès Broidy », a rapporté récemment le site américain WND.
–Une récente révélation met à mal le gouvernement marocain–
Mais cette nomination pourrait enfreindre les conditions établies par la Mission des Etats-Unis à l’ONU relatives à l’octroi de l’immunité diplomatique.
La mission a en effet affirmé que l’immunité diplomatique « n’est conférée qu’à une catégorie de personnes qui représentent leur pays auprès Nations Unies dans le cadre d’une fonction première aux Etats-Unis », alors que Benomar cumule une autre fonction celle de conseiller attitré du Qatar à Washington.
En parallèle, une récente révélation du tribunal fédéral de New York pourrait impliquer le Maroc directement dans ce piratage de grande ampleur, affirme le site WND.
Dans une récente lettre au tribunal fédéral, l’avocat Abbe Lowell, a affirmé que Jamal Benomar a « conseillé expressément le Qatar à la demande du gouvernement marocain », en assurant que l’ancien diplomate marocain bénéficie d’une double immunité diplomatique, en l’occurrence celle accordée par le Qatar et aussi celle octroyée par le Maroc.
« En affirmant que Benomar aurait reçu des instructions du Maroc pour conseiller le Qatar, la lettre de l’avocat Lowell semble impliquer le gouvernement marocain dans ce qui serait la deuxième campagne de piratage jamais documentée » aux Etats-Unis, écrit le site américain.
Selon WND, qui cite des sources sur le terrain, l’ancien diplomate marocain « se trouve actuellement à Rabat pour des réunions avec de hauts responsables marocains ».
Jamal Benomar, résidant depuis 30 ans aux Etats-Unis, a pris sa retraite de l’ONU en 2017. Cet ancien prisonnier politique sous Hassan II a été récupéré par le gouvernement marocain pour servir certains agendas politique externes auxquelles le Maroc est associé.
APS