L’entrée réussie d’Enagás en terrain marocain par la main de l’ancien ministre a laissé penser qu’il pourrait aspirer à concourir pour la concession du gazoduc Europe-Maghreb
En juin dernier, Enagás et Elecnor ont remporté un contrat pour la construction d’un gazoduc au Maroc. Les travaux sont subordonnés aux avancées de la société Sound Energy dans le forage au gaz de Tendrara, dans l’est du pays, à la frontière algérienne. Ce petit jalon pour les sociétés espagnoles cotées en bourse a été confié à Miguel Angel Moratinos, ancien ministre des Affaires étrangères de 2004 à 2010, qui, selon des sources officielles, conseille le consortium espagnol en tant que consultant stratégique.
Depuis quelques années, le politicien socialiste a canalisé son activité privée par le biais du cabinet de conseil ICP. Sa vaste expérience diplomatique est la clé pour offrir aux multinationales espagnoles et étrangères la génération d’activités sur de nouveaux marchés, à l’instar d’Enagás, une société déterminée à poursuivre son expansion au-delà des frontières espagnoles. Et ce contrat est une épreuve décisive pour entrer dans le pays voisin, comme en témoigne le fait que c’est son propre PDG, Marcelino Oreja, qui gère ce contrat.
Selon des sources bien informées du processus, l’intervention de Moratinos a été essentielle pour obtenir l’approbation du ministre marocain de l’Énergie, en s’imposant ainsi d’autres consortiums de capital français. Le contrat Enagás et Elecnor, conditionné au succès des forages, comprend la construction et la maintenance pendant 15 ans d’un pipeline de 20 pouces, d’une longueur de 120 kilomètres, de Tendrara à Ain Benimathar, où il serait raccordé au gazoduc Maghreb-Europe provenant de l’Algérie.
L’importance de ce contrat se trouve dans le fait qu’il y ait deux sociétés espagnoles en concurrence pour le business du gaz au Maroc. Naturgy est depuis des années un actionnaire de premier plan auprès de Galp et du Royaume du Maroc du gazoduc Maghreb-Europe qui traverse le sol marocain et dont la concession expire en 2021. Ce renouvellement oblige Francisco Reynés à se rendre à Rabat, après avoir été en Egypte et en Algérie, où la société d’énergie espagnole a renouvelé ses droits de production et de commercialisation qu’elle avait dans les deux pays.
Bien que ces infrastructures soient différentes, l’entrée réussie d’Enagás dans le territoire marocain par la main de l’ancien ministre laisse à penser qu’il pourrait aspirer à concourir pour la concession du gazoduc Europe-Maghreb qui traverse le Maroc, malgré le fait que le reste du pipeline provenant de l’Algérie continue d’être co-détenue par Naturgy. L’opérateur du réseau gazier espagnol, spécialisé dans la gestion, le stockage et le transport, est plongé dans un processus d’internationalisation depuis des années et a fait du Maroc un de ses objectifs privilégiés.
Avant de formaliser son travail, Moratinos s’était rendu dans des pays tels que la Guinée, l’Angola, Cuba et la Bolivie, accompagné d’anciens collègues de l’exécutif, tels que Zapatero ou Bono. Dans d’autres occasions, les sociétés incorporent d’anciens politiques dans leurs organes de direction, comme Naturgy elle-même, présidée pendant quatre ans par l’ancien président Felipe González (2011-2015), bénéficiant d’une « large reconnaissance en tant qu’homme d’État et expert d’Amérique latine, ainsi que des pays de l’Union européenne et de l’Arc méditerranéen « .
Source : El Confidencial (traduction : Maghreb Online)