Donald Tusk plaide pour davantage d’aide au pays maghrébin pour contenir la sortie des candidats à l’émigration, mais l’Espagne n’obtient pas la déclaration expresse du Conseil européen
Le Maroc est la pièce maîtresse de l’Espagne dans ce casse-tête auquel l’Europe est confrontée: la politique d’immigration. Le pays du Maghreb occupe une place de choix dans les agendas madrilènes des derniers sommets. Le message est toujours le même: « Son rôle de contrôle des flux de migrants clandestins doit être renforcé ». En d’autres termes, accordez-lui une place préférentielle en tant que destinataire d’argent pour le contrôle de ses frontières. La réponse que Pedro Sánchez a reçue hier était un « oui ». L’aide destinée au Maroc sera augmentée. Mais sans référence expresse dans le document de conclusions signé par les 28 chefs d’État et de gouvernement réunis à Bruxelles.
C’est peut-être pour cette raison que le président espagnol a lui-même reconnu que, dans le dossier migratoire, les décisions sortant de ce Conseil européen « nous semblent insuffisants ». Pour situer ces mots dans leur contexte, il faut jeter un coup d’œil au dernier rapport du ministère de l’Intérieur qui souligne que 2018 est une année record en termes d’arrivées de migrants dans des bateaux de fortune.
Dans ce contexte, le ministre des Affaires étrangères, Josep Borrell, a rappelé lors des dernières réunions avec ses collègues européens que la Turquie reçoit 6.000 millions d’euros d’aide de l’UE pour fermer ses frontières à la migration alors que le Maroc n’en reçoit que 50 millions, malgré qu’il fait partie des dénommés pays de transit.
« Nous confirmons l’objectif de lutte contre l’immigration clandestine, nous allons donc surveiller la situation dans la Méditerranée occidentale et renforcer la coopération avec le Maroc, comme l’a recommandé le Premier ministre Sanchez », a déclaré Donald Trusk, le président du Conseil européen lors de son intervention dans laquelle il a fait le bilan du sommet européen sur le sujet. Il a été plus précis que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui a préféré parler de « l’Afrique du Nord en général », bien qu’il ait annoncé son intention de se rendre, prochainement, au Maroc.
Le texte signé par les dirigeants fait référence à cette collaboration accrue avec des pays tiers « notamment en Afrique du Nord, dans le cadre d’un partenariat élargi ». Et il préconise « de renforcer la lutte contre les réseaux de trafic illicite de personnes et d’intensifier la collaboration dans les enquêtes, la détention et les poursuites des passeurs de frontières et des trafiquants d’êtres humains, afin d’empêcher les migrants de s’embarquer dans des voyages dangereux ». Bref, rien de concret, si ce n’est la ratification d’une ligne d’action qui comprend le renforcement de la police des frontières avec plus de 10.000 soldats d’ici à 2020.
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