Tous les mémos de Wikileaks invalident les thèses marocaines sur le Sahara occidental. Les confidences – sont-ce réellement les confidences ou les vrais messages que l’Amérique délivre au reste du monde ? – révélées sur le site Assange prouvent trois faits incontournables.
Les Américains et les Espagnols savent que le dossier sahraoui depuis la mort de Hassan II est géré par Paris et non plus par Rabat. Ni même conjointement. Deuxio, Mohammed VI a abandonné l’affaire pour la France. Cette dernière en fait, en définitive, une carte maîtresse contre l’Algérie. La diplomatie française veut, à travers la question sahraouie, emmener Alger à des concessions majeures, déclinantes, voire déshonorantes. Tercio, l’Espagne — l’Etat espagnol et non pas ses entités élues, ses coalitions ou ses partis au pouvoir — sait cela et le dit, régulièrement, par les canaux diplomatiques. Wikileaks le révèle.
Les Américains, s’il est vrai qu’ils ne veulent pas tordre le cou à un allié sûr et docile comme le Maroc, ne le suivent pas aveuglément dans le dossier sahraoui. Washington sait que c’est Paris qui tire les ficelles. D’où la sincère volonté américaine de voir l’ONU et les plans de paix de l’instance onusienne aboutir. Celui de James Baker en est le plus accompli, le plus abouti et, en plus, adoubé par la nationalité – américaine – de son géniteur. Madrid dans la relation franco-marocaine est cocufié, trompé, délaissé. Les mémos de Wikileaks le montrent avec clarté. Pour autant Zapatero n’ira pas aussi loin que le veut le couple Paris-Rabat dans le reniement et le déshonneur.
L’Espagne et le PSOE de l’actuel chef de l’exécutif demeurent, et de loin, la base de sympathie et de soutien les plus plus forts pour le peuple sahraoui, pour le Polisario. C’est en Espagne, et pas ailleurs, pas même en Algérie, que les plus grandes marques de solidarité sont enregistrées en faveur du peuple des Ténèbres. En vase clos, en interne, dans les cabinets noirs des chancelleries et dans les sphères secrètes de prise de position, tout le monde sait que le couple franco-marocain ne veut pas d’une solution juste, négociée et sincère pour le règlement de la question sahraouie. Les mémos de Wikileaks accréditent deux thèses. L’hypocrisie — ça, nous le savions. Les Etats et la justesse du combat des Sahraouis. Nous le savions aussi, Wikileaks le balance à la face du monde.
A. M.
A. M.
Le Soir d’Algérie, 15/12/2010