Sahara Occidental : « Garage » du Polisario, le cas de Naama Joumani

par Mohamed Mahamud Embarec
Si le terme garage veut dire lieu de stationnement ou de réparation des voitures, au Front Polisario est utilisé pour décrire le limogeage d’un individu et son transfert au contingent des « chômeurs ».
Le défunt président de la RASD, Mohamed Abdelaziz monopolisait toutes les fonctions et responsabilités au sein du Front Polisario. 
Lors des événements de 1988, il s’est senti trahi par ceux auxquels il avait confié la gestion du mouvement sahraoui. Il a conçu leurs actes comme un acte de trahison contre sa personne et contre la cause du peuple sahraoui. Pour lui, ils avaient abusé de sa confiance. Sa réaction a été de leur enlever toute responsabilité. Même les bons des carburants, c’est lui qui les signait.
Ainsi, c’est lui aussi qui désignait les personnes dans les postes de responsabilité, les ambassadeurs, les représentants en Espagne et ailleurs, les ministres, les walis (gouverneurs des quatre campements des réfugiés).
Au fil du temps, il était devenu très sévère. Comme tous les dictateurs, il se croyait garant de la continuité de la lutte du peuple sahraoui. De ce fait, il ne tolérait aucun acte de désobéissance. Celui qui osait le défier était condamné au « garage », c’est-à-dire à l’errance dans les camps des réfugiés, à Tindouf ou en Espagne… Ceux qui avaient accumulé de la fortune pouvait résister à cette situation, les autres craquaient et ralliaient le Maroc.
Parmi les « locataires du garage » se trouve Naama Joumani, le frère de Khatri Said Joumani, un Cheikh des plus influents pendant l’occupation espagnole du Sahara Occidental. Il a exercé plusieurs fonctions importantes au Polisario et à la RASD : Ministre de la Santé, Ambassadeur à Cuba, Wali d’Aousserd…. 
Il y a un an on s’est rencontré, par hasard, à Rabouni, la capitale administrative de la RASD. Après une chaleureuse salutation, il m’a félicité pour un article que j’ai écrit sur la trahison de 1988. « Tu as toute la raison du monde, ceux qui ont été à la tête des événements de 1988 ont poussé le peuple à se manifester pour les défendre et lorsqu’ils ont réalisé leurs objectifs, ils l’ont ignoré ». C’est dire le sentiment d’amertume cuve dans l’esprit de cet homme connu pour sa gentillesse et simplicité.

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