Source : Jeune Afrique, 19/05/2017
Moins de trois semaines après l’interception d’un cargo en Afrique du Sud, sur laquelle la justice sud-africaine se prononcera le 9 juin, un deuxième navire transportant du phosphate produit par l’Office chérifien des phosphates (OCP) au Sahara a été immobilisé au Panama dans la nuit de mercredi à jeudi.
Le vraquier acheminait une cargaison de 55 000 tonnes pour une valeur estimée à 6 millions de dollars, comme le rapportait Jeune Afrique Business+ jeudi 18 mai. Battant pavillon danois, le vaisseau dénommé Ultra Innovation, de la compagnie Ultrabulk Shipping A/S, se dirigeait vers le port de Vancouver. Il devait livrer sa cargaison à Agrium Inc., une entreprise chimique canadienne qui produit notamment des engrais, qui a confirmé à Reuters l’interception du navire. Il a été immobilisé au niveau de Panama City dans la nuit de mercredi à jeudi alors qu’il franchissait le canal du Panama, sur décision de la justice locale.
Agrium, un des leaders mondiaux des produits destinés à l’agriculture, se fournit depuis 2011 en phosphates auprès de Phosboucraa SA, filiale du groupe marocain OCP au Sahara occidental. Le Front polisario, qui revendique l’indépendance de ce territoire sous souveraineté marocaine, a plusieurs fois tenté d’interpeller le géant canadien sur ce commerce qu’il considère illégal.
Deuxième interception en un mois
C’est la deuxième fois en un mois qu’un navire transportant du phosphate en provenance du Sahara occidental est ainsi intercepté. Le 1er mai, le NM Cherry Blossom acheminant plus de 50 000 tonnes de phosphates produits par Phosboucraa avait été saisi à Port Elizabeth (Afrique du Sud), en provenance du port de Laâyoune et à destination de la Nouvelle-Zélande, sur décision de la justice sud-africaine. Jeudi, une cour de justice sud-africaine, citée par Reuters, a réservé sa décision sur le maintien de ce navire à Port Elizabeth au 9 juin.
Début mai, le porte-parole du gouvernement marocain Mustapha Khalfi avait réagi sur le sujet lors d’une conférence de presse expliquant que le Maroc était en règle vis-à-vis du droit international. Sollicité par Jeune Afrique à plusieurs reprises vendredi pour commenter ces informations, l’OCP n’était pas disponible.