Le Conseil de sécurité, selon le programme présenté par les Etats-Unis, qui assurent la présidence tournante du conseil durant ce mois d’avril, va procéder, le 27, à la prorogation du mandat de la Minurso. Mais avant cela, il a prévu deux réunions de consultations sur la Mission de l’ONU pour l’organisation du référendum au Sahara Occidental les 19 et 25 avril. Autant dire d’emblée que la situation ne se présente pas sous les meilleurs auspices pour les Sahraouis.
Le constat vaut non pas parce que le camp des pays qui soutiennent le combat du Front Polisario pour la liberté s’est affaibli. Non ce n’est pas du tout cela. La raison tient surtout au fait que le rapport du nouveau Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, sur le Sahara Occidental, sur la base duquel auront à discuter les membres du Conseil de sécurité, remet en cause de manière sibylline le droit inaliénable des Sahraouis à l’autodétermination.
L’élément le plus dangereux dans ce rapport réside, en effet, dans la volonté d’Antonio Guterres de définir la forme de l’autodétermination qui sera accordées aux Sahraouis. Autrement dit, il suggère insidieusement l’idée que la «case référendum» n’est plus un passage obligé et retient le principe qu’une simple solution politique pourrait faire l’affaire. Bien évidemment, il s’agit là du rêve absolu du Makhzen, qui n’a cessé de soutenir l’idée, ces dernières années, que l’autonomie «est une forme élaborée de l’autodétermination».
Il s’agit là, de toute évidence, de l’élément central sur lequel repose la nouvelle dynamique par le biais de laquelle le successeur de Ban Ki-moon veut relancer le processus de négociation au Sahara Occidental occupé afin de parvenir à «une solution politique mutuellement acceptable au conflit opposant le Front Polisario et le Maroc». Il y a d’autres éléments qui montrent qu’Antonio Gueterres est bien encadré par les Espagnols et les Français, les deux principaux sponsors de la narcomonarchie marocaine, et qu’il est des plus complaisants avec les thèses marocaines.
Dans son rapport, présenté par l’un de ses porte-paroles comme la panacée au conflit du Sahara Occidental, il met, par exemple, une pression aussi terrible qu’injustifiée sur les Sahraouis et veut impliquer l’Algérie, alors qu’il est universellement admis que les Algériens n’ont rien à voir dans le conflit, contrairement à ce que soutient le Makhzen. Concernant ce point précis, il semble bien que le représentant permanent du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, qui s’est dernièrement prêté à un intense travail de lobbying, ait fini par faire rentrer dans la tête d’Antonio Guterres et de son staff l’idée que l’Algérie est un élément du problème.
En face, les amis des Sahraouis paraissent pendant ce temps s’être endormis sur leurs lauriers et laissé faire la diplomatie marocaine, qui n’en espérait pas tant. Plus surprenant encore, l’ambassadeur d’Algérie auprès de l’ONU n’a pas jugé utile de protester face aux velléités de toutes ses parties d’impliquer l’Algérie dans le conflit du Sahara Occidental.
En l’état actuel des choses, les seuls à avoir encore le pouvoir d’inverser la donne sont les Américains, qui ont montré ces dernières années une certaine disponibilité à ne traiter du conflit du Sahara Occidental que sous l’angle du droit international. La question maintenant est de savoir si l’Administration Trump maintiendra le cap imprimé par celle de Barack Obama sur le dossier.
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