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Sommet de l'Union Africaine : Maroc, un retour suspect

Par Amirouche El Hadi :
Les chefs d’Etat africains examineront à huis clos l’adhésion du royaume du Maroc à l’Union africaine au cours de leur 28ème sommet prévu les 30 et 31 janvier prochains à Addis-Abeba en Ethiopie. C’est ce qui devra être fait après que les deux chambres marocaines basse et haute (représentants et conseillers) aient ratifié vendredi dernier l’acte constitutif de l’Union africaine (UA). Acte qui s’impose comme préalable à toute adhésion d’un pays du continent à l’organisation panafricaine. C’est donc le cas du Maroc qui se devait de formuler officiellement sa demande d’adhésion à la commission africaine. Mohamed VI se déplacera luimême à Addis-Abeba pour faire entendre » sa cause « . 
Au-delà de l’ordre du jour du sommet africain qui s’articule autour de points importants comme le financement de l’UA et la réforme de ses institutions, la question de l’adhésion du Maroc retient bien plus les esprits. L’on s’attend à ce que Rabat amorce son adhésion à l’UA sans aucune condition préalable. Il est évident que la seule condition que le Maroc puisse mettre en avant est le gel de la présence de la RASD au sein de l’Union. Mais au vu du soutien d’un nombre important de pays membres à la cause sahraouie, il ne tentera certainement pas une expérience qui s’avère d’ores et déjà être un échec. La RASD est, faut-il le rappeler, membre fondateur de l’Organisation de l’unité africaine que le Maroc a quittée en 1984, il y a ainsi 33 ans. 
L’examen de l’adhésion du Maroc à l’UA coïncide avec l’arrêt rendu récemment public par la Cour de justice européenne qui consacre le Sahara Occidental comme territoire différent et à part entière de celui du royaume marocain. Ce qui est qualifié de grande victoire pour la RASD. Mieux encore, l’acte constitutif de l’UA que Rabat a ratifié vendredi dernier prévoit, entre autres procédures, des mécanismes de règlement pacifique et par la négociation, en cas de conflit entre deux Etats membres. Il est aussi connu que l’UA démarche en bloc sur toutes les grandes questions régionales et internationales. » L’Union » est donc de mise dans la législation de l’Institution. 
Il reste cependant curieux que Mohamed VI ait décidé de faire admettre sa demande d’adhésion dans une conjoncture aussi délicate pour le continent mais aussi pour son pays. L’on rappelle que le Maroc est sans gouvernement depuis plus de trois mois. Retenu par le roi comme Premier ministre, Benkirane n’arrive toujours pas à convaincre les partis d’opposition de constituer un gouvernement de coalition nationale. 
« L’entrisme » du Maroc dans les rangs de l’UA après de longues années de boycott n’a rien d’innocent, selon beaucoup analystes. Le redéploiement de la France en Afrique, conformément à de nouvelles donnes et de nouveaux paramètres géostratégiques a dû certainement peser sur une telle décision. En outre, l’autre allié stratégique du Maroc, en l’occurrence l’état sioniste d’Israel, exige lui aussi un rang d’observateur à l’UA. Ce qui rend toutes ces demandes suspectes sachant les fourberies des uns et des autres et leur avidité vis-à-vis des richesses africaines. Ce qui pourrait mettre en péril les souverainetés de beaucoup de nations africaines. 
En attendant le sommet, Addis-Abeba abrite depuis dimanche dernier la 33ème session du comité des représentants permanents de l’UA dont les recommandations seront transmises au conseil exécutif qui réunira lui pour leur examen les ministres des AE des Etats membres. C’est Ramtane Lamamra qui représente l’Algérie en attendant qu’il soit rejoint le 30 janvier par Sellal et Abdellader Messahel.
AEH
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