Cinq candidats sont en compétition pour succéder à la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini Zuma à la tête de de la Commission de l’Union africaine. Les deux candidats qui avaient déjà été recalés lors du dernier Sommet de Kigali en juillet 2016, ont encore peu de chances d’être élus. La Botswanaise et l’Equato-Guinéen semblent d’ailleurs résignés à cette perspective. A l’image de leurs chefs d’Etat qui ne se battent plus vraiment pur obtenir le poste envié.
Bathily en baisse
La compétition concerne donc les représentants de trois zones africaines : la CEDEAO avec le Sénégalais Abdoulaye Bathily la COMESA avec la Kenyane Amina Mohamed Jibril, et la CEEAC avec le Tchadien Moussa Faki Mahamat.
L’universitaire de 69 ans, Abdoulaye Bathily, ministre d’ouverture de plusieurs gouvernement sénégalais a longtemps été le favori. Il ne l’est plus. Représentant spécial du Secrétaire Général de l’ONU en Afrique centrale, il n’a pas réussi à trouver des sorties de crises dans cette région troublée, notamment au Burundi, en Centrafrique et en RDC. Son comportement, parfois peu diplomatique, éloignera les voix de la CEEAC. Sa nationalité sénégalaise et la proximité de son pays avec le Maroc est un handicap encore plus important, dans le contexte d’affrontement diplomatique Algérie-Maroc, au sujet du retour du Maroc au sein de l’Union africaine et subsidiairement du sort de la RASD. L’attitude négative de la CEDEAO, lors du Sommet de Kigali, a été très mal reçue par plusieurs Etats, notamment ceux de la SADC et de la CEEAC. Le soutien que lui apporte la CEDEAO peut donc être contre-productif. Enfin, la probable élection du président guinéen, Alpha Condé, 79 ans, en qualité de président en exercice de l’Union africaine est un autre handicap. On voit mal deux septuagénaires originaires de la CEDEAO, à la tête de l’organisation africaine.
Duel au sommet
L’élection devrait se faire entre les ministres des Affaires étrangères kenyan et tchadien. Ces deux personnalités recueillent beaucoup d’avis favorables, au-delà de la zone à laquelle appartient leur pays. La bataille diplomatique pour ces deux candidats n’a jamais été aussi intense et dépasse l’habituel clivage francophone/anglophone.
La ministre kenyane, Amina Mohamed Jibril, âgée de 55 ans, est une experte des relations internationales et une juriste confirmée. Elle bénéficiera du vote de la plupart des Etats de la SADC mais elle aura aussi le soutien de plusieurs Etats francophones de la CEDEAO et de la CEEAC. La question de la réorganisation de l’Union africaine lui fournira des arguments pour sa candidature. En revanche, les questions de Paix et de sécurité seront des atouts pour son challenger tchadien.
Le ministre tchadien, Moussa Faki Mahamat, âgé de 56 ans, a été premier ministre d’Idriss Deby Itno (2003-2005). Il occupe le poste de ministre des Affaires étrangères depuis 2008, ce qui lui a permis de constituer un réseau d’amitiés exceptionnel. Le Tchad lui doit beaucoup pour sa participation au Conseil de sécurité de l’ONU comme membre non permanent (2014-2016) et pour l’élection d’Idriss Deby Itno à la tête de l’Union africaine, en 2016. Moussa Faki Mahamat est un diplomate chevronné qui connaît a fond tous les dossiers cruciaux de l’Afrique : Lybie, Soudan, Soudan du sud, RDC, Centrafrique, Somalie et Maghreb. Grâce à la position géographique de son pays, il participe à quasiment tous les groupes politiques régionaux et peut donc réunir une large adhésion à sa candidature.
Le scrutin ayant lieu à huis clos, pour être élu, il faudra obtenir 36 voix sur 54. Il est probable que trois tours seront nécessaires pour désigner ce cinquième président qui aura la lourde tâche de redonner un lustre à l’Union africaine qui a beaucoup souffert de l’effacement de l’actuelle présidente.
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