Le renvoi dimanche par l’Espagne des migrants subsahariens ayant tenté de forcer le passage au niveau du poste frontalier de Ceuta a suscité de vives réactions de la part de collectifs humanitaires et de juristes espagnols, estimant que cette mesure est «contraire à la légalité des Nations unies et du Conseil de l’Europe».
La fraternité ouvrière catholique a dénoncé sur les réseaux sociaux, l’action policière qui a eu lieu dimanche au poste frontalier de l’enclave de Ceuta. L’universitaire Margarita Martinez Escamilla, professeur de droit pénal a l’université de complutense de Madrid a demandé dans une déclaration à la presse, au ministre espagnol de l’Intérieur d’expliquer le protocole suivi par la Garde civile qui renvoie des immigrants «sans identification et sans respect du droit international», estimant par ailleurs que «le renvoi à chaud est illégal et ne pourra jamais être légal».
Pour sa part, la représentante du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés en Espagne, Francesca Friz-Prguda a indiqué à l’agence Europa press que «si les migrants interceptés dans leur tentative de franchir les obstacles de Ceuta ou Melila ne sont pas identifiés et leurs besoins individuels non connus, le renvoi à chaud ne peut pas s’effectuer à la frontière car cet acte est illégal». «La réglementation espagnole stipule que le rejet à la frontière doit être fait en respectant la réglementation internationale des droits de l’Homme et de protection international dont l’Espagne est signataire», a-t-elle rappelé.
La représentante du HCR a par ailleurs souligné que 25% des réfugiés dans le monde proviennent de l’Afrique subsaharienne et le renvoi automatique aux frontières peut grandement priver des «personnes de leur droit d’asile». L’organisation des droits de l’Homme d’Andalousie (APDH-A) a estimé, quant à elle, que «si l’Espagne continue de renvoyer automatiquement les migrants vers le Maroc, elle devrait se retirer de la convention de Genève, de la convention de prévention de la torture et de la convention européenne des droits de l’Homme», car a expliqué Charles Arce, de l’APDH-A «il y a de nombreux documents qui prouvent que le Maroc transgresse les droits fondamentaux des étrangers aux passages frontaliers».
La tentative des migrants subsahariens d’entrée en Espagne, dimanche, par l’une des deux frontières terrestres de l’Afrique avec l’Europe est la troisième après celles des mois d’octobre et de décembre où environ 670 migrants originaires de quelques pays dévastés par la guerre, la violence ou la faim ont réussi à accéder sur le territoire espagnol et se trouvent actuellement dans le centre temporaire pour migrants à Ceuta.
Un groupe de 1 100 personnes originaires d’Afrique subsaharienne qui voulaient gagner l’Europe, s’est précipité dimanche sur la clôture haute de six mètres, vers 4h locales (03h GMT), d’une manière «extrêmement violente et organisée», a indiqué la préfecture de Ceuta. Aucun d’entre eux n’a réussi à passer de l’autre côté, sauf deux migrants, grièvement blessés, qui ont été hospitalisés à Ceuta, selon la préfecture.