L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn, Qatar, le Sultanat d’Oman, la Jordanie, le Yémen, et la Somalie, se sont retirés en compagnie du Maroc au 4ème sommet arabo-africain qui s’est tenu à Malabo (Guinée Equatoriale) mercredi et jeudi derniers, à cause de la présence de l’emblème de la République arabe sahraoui démocratique (RASD). Ces pays soutenant la colonisation du Sahara occidental par le Maroc pensaient à travers leur geste influencer sur la tenue de ce sommet. Ils n’ont pas eu raison de cela. Preuve, ils ont une nouvelle fois prouvé leurs grandes manœuvres à ne point vouloir de rapprochement entre Arabes et Africains et qui serait pour eux un risque de perdre leur influence économique et politique dans les deux régions. Cette tentative d’avortement du sommet de Malabo n’a pas eu d’impact sur les règles du quorum pour la tenue de ce Forum arabo-africain. Puisque, outre l’Algérie, d’autres pays arabes dont l’Egypte, la Tunisie, le Soudan, la Mauritanie et Djibouti ont refusé de se retirer du sommet qui a finalement abouti à la » Déclaration de Malabo « , qui a reçu le soutien d’une soixantaine de chefs d’Etat africains et arabes présents dans la capitale équato-guinéenne.
Le Maroc qui, à l’occasion de la tenue de ce sommet, a refait une étrange formule diplomatique et politique qui se révèle par le choix de la chaise vide dans les rencontres et autres forums que ce soit dans le monde arabe ou en Afrique. Une pratique qui dure depuis plus de quatre décennies. Il suffit pour cela de comptabiliser les absences et les boycotts de Rabat au sein de l’UMA, la Ligue arabe ou encore l’UA. Le retrait des monarchies arabes du sommet de Malabo suivi par deux pays en proie à des guerres internes, le Yémen et la Somalie ne saurait surprendre. A moins de se méprendre totalement sur les réalités de ces derniers. Ce boycott avait pour but de mieux faire laisser la déplorable terminologie coloniale du Makhzen à se maintenir au Sahara occidental. Ce retrait est aussi une énième manœuvre des stratèges de la diplomatie royale qui, après le sommet improvisé et imposé aux chefs d’Etats africains, présents à Marrakech, dans le cadre de la COP 22, avec la complicité de la France, est une fuite en avant et un » hors la loi » afin qu’il ne se conforme pas à la légalité internationale. En clair, le rejet total du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Les chefs d’Etats et de gouvernement qui ont pris part aux travaux de cette 4ème édition regroupant Arabes et Africains semblent avoir enfin fait comprendre les vrais visées du Maroc et de ses alliés à savoir en premier, l’implosion de l’UA et ensuite porter un coup sévère aux relations arabo-africaines. Cela fait dire à un diplomate égyptien que ce retrait du Maroc et de certains pays arabes du Forum Afrique-Monde arabe à Malabo est » un faux pas politique qui relève d’une complaisance plutôt que d’une position politique. Le quotidien égyptien » El-Watan » a cité les propos d’un membre du Conseil égyptien des Affaires étrangères à savoir : » Ceux qui ont dicté au Maroc de se retirer dans le but d’exercer une pression sur l’Union africaine (UA), doivent savoir que les Africains ne tolèrent pas une telle attitude, et que cela influerait négativement sur l’image des Arabes chez les Africains qui nous considèrent comme des royaumes agissant par complaisance « .
Sur la même position égyptienne, les pays africains présents à Malabo ont dénoncé cette manœuvre du Maroc qui a tenté en vain de perturber le bon déroulement de ce sommet arabo-africain, en refusant de siéger aux côtés de la délégation de la RASD qui sort ainsi renforcée par un indéfectible soutien des pays africains qui ont réaffirmé leur « attachement à l’acte constitutif de l’UA, et leur soutien à la cause du peuple sahraoui « . Dans ce renouvellement africain de leur soutien à la cause sahraouie, il est dit aussi que » la Cause sahraouie est pour l’Afrique ce que la Cause palestinienne est pour le monde arabe, et que sa sacralité relève des principes de l’UA « . Les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’UA ont réaffirmé cet engagement suite à la décision du Maroc de conditionner sa participation par son refus de siéger aux côtés de la RASD, membre fondateur de l’organisation panafricaine, à ce sommet.
A l’occasion de cet événement, l’Algérie a réaffirmé de manière plus claire et convaincante la continuité de soutien à la cause du peuple du Sahara occidental et la tenue d’un référendum d’autodétermination sous les auspices de l’ONU. Une position qui reste pétrie de bon sentiment totalement vouée à la légalité du droit internationale et au principe du bon voisinage avec le voisin de l’Ouest. A ce propos, le ministre des Affaires maghrébines, de l’UA et de la Ligue arabe Abdelkader Messahel a affirmé que » la cohésion, qui a marqué le 4eme SOMMET Afrique-Monde arabe face aux tentatives du Maroc d’exclure la RASD des travaux du sommet » montre que le Continent africain demeure uni face à toutes tentatives visant la déstabilisation de l’Afrique et l’Union africaine.
Ce résultat traduit la cohésion de l’Afrique et réaffirme que le Continent africain est toujours prêt à déjouer toute tentative visant sa déstabilisation. Il s’agit là d’une réponse cinglante à tous ceux qui veulent diviser le continent « , a-t-il souligné dans une déclaration à » Radio Algérie Internationale « . » Les manœuvres du Maroc étaient vouées à l’échec face à la ferme volonté africaine, a encore indiqué M. Messahel précisant que » Le Maroc en tant que pays voisin, veut adhérer à l’UA, mais il vient de démontrer encore une fois qu’il n’affiche pas une réelle volonté pour ce faire « .
B. C.