Faisant fi de sa qualité de vice-présidente du Parlement africain et de membre de la délégation de l’Union africaine devant prendre part à Marrakech aux travaux de la COP 22 sur l’environnement, le Makhzan marocain a fait procéder à l’interpellation de la Sahraouie Souielma Beirouk à sa descente de l’avion dans lequel elle s’est rendue au Maroc, puis à son expulsion vers l’Algérie après l’avoir contrainte à passer la nuit en détention à l’aéroport de Marrakech.
Le traitement ainsi infligé à la représentante de l’Union africaine constitue une grave et inadmissible violation de la convention internationale portant immunité pour les détenteurs du passeport diplomatique. Le fait que Souielma Beirouk soit Sahraouie, une nationalité que le Makhzen prétend inexistante, n’enlève rien à la gravité de l’acte arbitraire commis contre elle. Il est une provocation inacceptable pour l’ONU sous l’égide de laquelle est placée la réunion de la COP 22 et pour l’Union africaine dont Souielma Beirouk est la représentante dûment mandatée. Il devrait l’être tout autant pour la présidente de la COP 22 en exercice au moment des faits et se trouvant être la ministre française de l’Environnement Ségolène Royal. Il ne peut rester sans suite sauf à reconnaître que le Maroc dispose du droit de décréter comme il l’entend qui peut prendre part à une conférence internationale dont il n’est que l’hôte. Si l’ONU se contenterait de déplorer la violation de la convention internationale portant immunité pour les diplomates qui s’est produite à Marrakech, elle permettra alors l’instauration d’un précédent devant lequel même les Etats-Unis hôte de son siège et de la plupart de ses forums et rencontres ont reculé même s’agissant de leurs pires adversaires. Il reste tout de même étrange que le Makhzen s’est avisé d’infliger à la représentante de l’Union africaine le traitement qu’il lui a réservé à Marrakech en faisant fi de la protection et de l’immunité que lui procure sa qualité. Mohammed VI et le Makhzen auraient-ils reçu des assurances que leur violation de la convention internationale protégeant la vice-présidente du Parlement africain ne fera pas de remous au sein de la COP 22, de même qu’elle n’entravera pas le retour du Maroc dans le giron de l’organisation panafricaine ? C’est probable car l’on imagine mal les autorités marocaines avoir pris leur inacceptable décision de leur seule initiative en sachant qu’une grande partie des participants à la COP 22 ne resterait pas indifférente à la provocation et au mépris des règles internationales dont elle est le révélateur.
Le Parlement africain dont Souielma Beirouk est la vice-présidente et qui participe dans le cadre de la COP 22 à la grande réunion parlementaire internationale organisée à Marrakech par l’Union interparlementaire (UIP) ne peut se plier au diktat du Makhzen et doit de concert avec la Commission de l’Union africaine engager une campagne de dénonciation du traitement infligé à sa représentante et une initiative qui contraindrait le Makhzen à faire marche arrière. Ce que Mohammed VI et le Makhzen pensent comme étant un acte de souveraineté aurait pu susciter quelque compréhension s’il avait englobé tous les participants à la COP dont le Maroc ne reconnaît ni le pays ni la nationalité. A Marrakech, les délégués d’Israël se pavanent et le drapeau de leur pays flotte allègrement dans les rues et avenues de la ville à la grande humiliation de sa population et du royaume en général.
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