Qu’est-ce qui explique ce penchant de Mohamed VI pour le Sénégal où il effectue sa 8e visite en tant que Roi du Maroc ? La question est une ritournelle très connue des observateurs de l’axe Dakar-Rabat. Directeur du laboratoire « Saint-Louis Études et Recherches en gestion », Birahim Guèye tente une explication.
Il dit : « Elles (les relations économiques entre les deux pays) profitent au Maroc. Si vous prenez des secteurs stratégiques au Sénégal comme les banques, l’industrie, l’agroalimentaire, les technologies de l’information et de la communication, de plus en plus, des entreprises marocaines viennent s’installer au Sénégal et aujourd’hui, grâce aux bénéfices obtenus, elles rapatrient beaucoup d’argent dans leur pays. La balance est largement favorable au Maroc. »
Quid des avantages côté sénégalais ? Birahim Guèye éclaire : « Certes les Sénégalais peuvent aller au Maroc sans payer de visas. Mais si on regarde les conditions de vie de nos compatriotes au Maroc, surtout ceux qui n’ont pas forcément une qualification professionnelle importante, elles sont assez néfastes. Très couramment, on entend des scandales sur des Sénégalais qui sont maltraités dans les maisons où ils travaillent au Maroc. Sur ce plan, il ne faut pas forcément y voir juste un côté positif. »
Et à en croire le directeur du laboratoire « Saint-Louis Études et Recherches en gestion », l’impact positif de la présence d’une banque marocaine comme la Cbao, qui aurait pu permettre d’équilibrer la balance, est à nuancer.
Il détaille : « Quand on prend l’entreprenariat des jeunes, les banques marocaines qui sont sur place ne prennent pas plus de risques que les autres banques pour financer les projets entrepreneuriaux. Les taux d’intérêt ne sont pas plus faibles du fait de la présence de l’entreprise marocaine. Le Sénégal gagne de la présence de ces entreprises une offre de service, des infrastructures mais quand on regarde les conditions d’octroi de ces services, ce n’est pas toujours évident que notre pays soit gagnant. »
(Source : Enquête)