«Un individu a attaqué, aujourd’hui mercredi à Kénitra, quatre ressortissants italiens tuant l’un d’entre eux et blessant trois autres, ont indiqué les autorités locales de la province de Kénitra.» Linformation ainsi donnée par les médias marocains laisse penser quil sagit dun banal fait divers. Cette thèse est soutenue par les détails qui sont fournis par les mêmes sources et qui accréditent lidée que les motivations de lassassin (qui court toujours) sont purement personnelles : les victimes font partie d’un cirque en tournée au Maroc et lassassin lui aussi travaillait dans ce cirque. Le site de la DGED, le 360ma, explique l’attaque de Kénitra par un différend financier. C’est la deuxième fois que des étrangers sont tués au Maroc, après Tétouan, et les médias avaient prétendu que lauteur de lattaque était un malade mental.
Comme en Allemagne ou aux Etats-Unis, à chaque attaque, les responsables et les médias s’empressent de parler d’un acte commis par un déséquilibré mental ou qui n’a rien à voir avec le terrorisme. Le Maroc procède de la même manière. Difficile de croire à cette version. Le Makhzen ne veut pas reconnaître le lien entre ces crimes commis contre des étrangers et le groupe terroriste Daech qui a entrepris depuis quelques mois de sinstaller au Maroc, à la suite des coups quil reçoit en Libye et aussi en Syrie et en Irak. Pourtant, en mai dernier, cest le directeur du Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ), Abdelhak Khiame, qui révélait dans une interview au journal marocain Al-Massae que le groupe terroriste Daech a exhorté ses combattants à créer des cellules dormantes au Maroc pour préparer des attentats, particulièrement contre les étrangers.
En juin, des médias marocains ont cité un rapport issu des renseignements britanniques qui a fait savoir que Daech a «placé le Maroc à la tête des cibles auxquelles ses cellules terroristes comptent sattaquer prochainement». Toujours selon les médias marocains, le rapport britannique a été publié quelques semaines seulement après lannonce, par lInstitut espagnol des études sécuritaires, dun document de propagande publié par Daech et plaçant le Maroc à la tête de vingt-huit pays «ennemis». A Kénitra, le mode opératoire basé sur lusage de larme blanche est celui mis en application de plus en plus par les terroristes de Daech. Hier soir, dans une auberge pour «backpackers» de Home Hill, localité rurale au sud de Townsville, dans le nord de l’Etat du Queensland, en Australie, un Français âgé de 29 ans a tué une Britannique à coups de couteau et a blessé deux autres personnes. Sil navait pas crié «Allah Akbar», il serait passé pour un déséquilibré, mais en prononçant cette phrase quand il a été arrêté, il a signé son acte, il est donc terroriste de Daech ou dun autre groupe semblable, quimporte le nom.
Mais les policiers australiens osent douter encore. Pour le directeur adjoint de la police, Steve Gollschewsk, qui sest confié aux journalistes à Brisbane, les propos tenus par le suspect «peuvent être interprétés comme extrémistes», mais, a-t-il poursuivi, «nous n’écartons aucune piste à ce stade, quelle soit politique ou criminelle». Ceci dit, les sources qui donnent linformation rappellent que l’Australie a relevé en septembre 2014 son niveau d’alerte à la menace terroriste et quau moins six attentats ont été déjoués sur le territoire australien au cours des 18 derniers mois.
La menace est encore plus forte au Maroc où, au mois de mai dernier, le BCIJ a annoncé être parvenu à «mettre en échec un dangereux plan terroriste» consistant en «des attentats de grande envergure contre des missions diplomatiques occidentales et des sites touristiques, conformément à l’agenda de Daech».
Houari Achouri
http://www.algeriepatriotique.com/fr/article/un-ressortissant-italien-tu%C3%A9-%C3%A0-k%C3%A9nitra-daech-frappe-au-maroc-et-le-makhzen-nie