Sahara Occidental : La France encore une autre fois montrée du doigt

Paradoxal. Le pays se disant champion du monde des droits de l’Homme et dispensant souvent des leçons de démocratie, singulièrement aux pays africains, la France est plus que jamais montrée du doigt par les militants et les dirigeants du Polisario et les cadres de la République arabe sahraouie démocratique – RASD ­— ainsi que bon nombre d’experts en droit international, au sujet de plusieurs dossiers de ce pays. 
Ces dossiers concernent la situation politique de ce territoire, considéré non autonome par l’ONU et l’UA, la lutte des Sahraouis pour leur droit à l’autodétermination, mais, surtout, le pillage des richesses naturelles de ce territoire. C’est ce qu’ont relevé les observateurs qui ont suivi les travaux de l’université d’été des cadres et dirigeants du Polisario et de la Rasd qui s’est tenue du 10 au 22 de ce mois à Boumerdès (Est d’Alger). 
Abdelkader Taleb Omar, membre du secrétariat national du Polisario et Premier ministre de la Rasd, est le dernier haut dirigeant sahraoui à aborder publiquement ces dossiers, mettant par ailleurs en exergue le mauvais rôle que jouent les autorités de l’Hexagone. 
Intervenant lors des festivités marquant la fin de ce conclave, Taleb Omar fera usage de langage direct pour fustiger le gouvernement français. «Nous adressons un appel pressant à la France, membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu, pour qu’elle mette fin à son soutien à la politique colonialiste du Royaume du Maroc au Sahara occidental. Ce soutien encourage le régime marocain à défier l’Organisation des Nations-Unies et à violer ses décisions», dira-t-il rappelant, pour l’occasion, le rôle qui est, normalement, échu à la France, en sa qualité de membre majeur de l’ONU, dans la préservation de la sécurité et de la stabilité dans le monde. 
Pour sa part, le secrétaire général du Front Polisario et Président de la RASD, Mohamed Ghali, avait, lors de l’ouverture de cette rencontre de formation, «dénoncé la politique de fuite en avant du Maroc que soutient la France».
L’allégeance d’une partie de la classe politique française au royaume
Pour bon nombre de cadres sahraouis, des éléments de la société civile favorable aux Sahraouis et des experts du droit international, la France est le principal soutien au Maroc dans sa politique au Sahara occidental. «Elle lui assure le soutien politique, diplomatique, financier et militaire. Ce soutien est motivé par des raisons géostratégiques mais aussi économiques. N’oublions pas, en outre, que des dirigeants politiques français, y compris certains hauts responsables de grands médias, sont détendeurs d’actifs au Maroc dans l’immobilier notamment. Il suffit, par ailleurs, de se remémorer les déclarations de Sarkozy à chacune de ses visites dans ce royaume pour se faire une idée précise sur le degré d’allégeance d’une partie de la classe politique française au royaume marocain», nous confiait un expert. 
Pour Kamal Rezzak Barra, juriste et conseiller à la Présidence de la République, il ne fait aucun doute que la France a de grands appétits économiques dans le nord/ouest de l’Afrique. «L’essentiel des investissements dans les secteurs des phosphates, du pétrole, de la pêche et l’agriculture viennent des pays européens en premier lieu d’Espagne et de France pays au passé colonialiste», assènera-t-il dans sa conférence devant les cadres et militants sahraouis. Il ne manque pas de soutenir ses affirmations par des exemples concrets. 
Il cite, entre autres, la construction d’un grand port de pêche à Bojdor financé par l’Agence française de développement. Il est clair que ce port est érigé pour exploiter les 1 200 km de rivage du Sahara occidental, réputé l’un des plus riches au monde. Barra rappellera que la firme Total fait de la prospection du pétrole depuis 15 ans. 
Plus grave, remarque Barra, certaines sociétés françaises contournent la loi pour exporter des produits agricoles tirés du sol sahraoui, avec le label «made in Maroc». Mais le jugement primaire rendu par la Cour de justice de l’Union européenne qui interdit aux pays européens d’importer les produits agricoles provenant du territoire sahraoui, considéré par cette même Cour comme toujours occupé, remet en cause bien des appétits et risque de faire tache d’huile.
Abachi L.
Boumerdès jumelée avec Boujdour dans le Sahara occidental
Le nouveau maire de Boumerdès, Mohamed Bouferkas, pour la partie algérienne et le directeur de la communication de la wilaya de Boujdour, représentant Fatma Bella, wali de cette localité du Sahara occidental ont paraphé un accord de jumelage entre les deux agglomérations. 
La cérémonie s’est déroulée à la salle de conférences (ex-INH) de l’université M’Hamed Bougarra de Boumerdès, lors des festivités marquant la fin de l’université d’été des cadres du Polisario et de la RASD. L’accord a été signé en présence de Abdelkader Taleb Omar, Premier ministre de la Rasd, Yamina Zerhouni, ministre-wali de Boumerdès et du docteur Saïd Layachi, président du Comité algérien de solidarité avec le peuple sahraoui. 
Afin de concrétiser cet accord, les élus de la municipalité de Boumerdès prévoient un déplacement en octobre prochain vers la ville de leurs nouveaux partenaires pour, d’une part remettre un don d’affaires scolaires aux enfants sahraouis et, d’autre part, rechercher les moyens pouvant aider cette wilaya sahraouie dans la gestion d’une ville. 
A. L.
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