Le président Brahim Ghali, secrétaire général du Front Polisario et Président de la RASD, a prononcé un important discours à l’occasion de l’ouverture, à la salle de conférences (ex-INH) de l’université M’hamed-Bougara de Boumerdès, de la 7e université d’été qui regroupe plus de 400 cadres du Polisario et de la RASD.
Selon la première analyse que l’on pouvait faire de cette allocution qui survient plus exactement un mois – élu le 9 juillet — après son élection à la tête du Front et de la RASD, elle est en effet destinée aussi bien aux amis qu’aux adversaires et elle se veut un rappel aux uns et aux autres que le Polisario n’a changé ni d’objectifs ni de méthode de combat pour l’autodétermination du peuple sahraoui, action articulée, pour l’heure, principalement à partir du terrain politique.
Au départ de son discours le Président Ghali a rendu un vibrant hommage à son prédécesseur feu Mohamed Abdelaziz qu’il a qualifié de grand combattant qui a laissé son nom dans toute l’histoire de la région du Maghreb. Cet hommage est aussi un message : nous continuons le combat sur la même voie tracée depuis longtemps.
Colonisation et violence
Avant d’appeler le Conseil de sécurité de l’ONU à prendre ses responsabilités quant à la protection des droits et des richesses naturelles du peuple sahraoui, le chef du Polisario et président de la RASD a fait un constat qui accable l’occupant marocain.
Il analyse la situation dans le nord-ouest de l’Afrique et dresse un bilan sur l’occupation du territoire et la violence contre des civils. «L’université d’été des cadres du Polisario et de la République arabe sahraouie démocratique s’apprête à étudier les problèmes de la région, notamment les menaces sécuritaires dangereuses que vit cette région. Ce que nous attendons aujourd’hui de la communauté internationale, ce sont des positions claires et neutres contre les problèmes que génèrent les actions de l’Etat occupant (Maroc) lequel pousse cette région vers l’anarchie, l’insécurité, la déstabilisation et la destruction.» Selon le président, la politique d’expansion des dirigeants marocains est dangereuse pour la paix et la stabilité des pays nord-africains.
Pour argumenter son assertion, le président Ghali revisite l’Histoire récente de la région pour dire : «La philosophie de l’expansion et des frontières ouvertes préconisées à ce jour par les dirigeants du royaume marocain lesquels n’ont aucun respect pour le droit international, politique expansionniste qui n’est par ailleurs soutenue par aucune constitution nationale, sont les quelques raisons de l’agression abjecte, en 1963, contre les frontières de l’Etat algérien alors qu’il n’avait pas fini de combattre les forces du colonisateur. La même philosophie d’expansion territoriale a fait que le royaume du Maroc demande de vastes terres à l’Algérie, au Mali et à la Mauritanie.»
Il rappellera que le Maroc a refusé de reconnaître la Mauritanie en tant qu’Etat jusqu’aux années 1970.
«C’est la même politique qui avait poussé les forces armées marocaines à envahir le Sahara Occidental en 1975. Conséquence de cette situation : une menace sur la sécurité et la stabilité de la région», précise-t-il.
Par la suite, le président Ghali dresse une longue liste des violations des droits des citoyens sahraouis, citant les bombardements au napalm interdit par le droit international, les exécutions massives de civils, les enterrements de personnes vivantes, les jets de personnes vivantes à partir d’hélicoptères, la torture systématique de personnes, les arrestations massives et l’emprisonnement sans raison.
La drogue du Maroc encourage la grande criminalité et finance les groupes terroristes
Le constat du Président Ghali ne s’arrête pas aux violences physiques subies par les citoyens, il dénonce également l’attaque par le Maroc de la santé, les tissus sociaux des peuples de la région et leurs économies. «Malheureusement la nuisance du Maroc ne s’arrête pas à cet aspect de la violation des droits du citoyen. Le royaume encourage la production de l’un des produits les plus nocifs du siècle contre la jeunesse.
Le Maroc est le plus grand producteur et le plus grand exportateur de drogue. La circulation massive de cette drogue met gravement en danger la stabilité des peuples de la région et la sécurité des Etats. La production et l’exportation massives sont un moyen pour encourager la grande criminalité et financent les groupes terroristes.
La République sahraouie tente, avec l’aide des amis et des alliés de la région, de mettre un terme à ce trafic.»
Hassan II voulait un référendum d’autodétermination ; son fils a renié la parole du père
Sur la disponibilité du Maroc à négocier, le président Ghali n’est pas optimiste. Bien au contraire, il accable une autre fois le souverain marocain Mohammed VI «aujourd’hui les efforts de paix des Nations-Unies font face à la politique d’obstruction qu’observe l’Etat occupant.
Le défunt roi Hassan II a pris conscience de l’erreur de la colonisation. Il avait orienté dès lors sa politique vers la solution honorable pour les deux parties en conflit, et ce en application du droit international. Il voulait à cet effet organiser un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Malheureusement, l’actuel souverain marocain renie la parole de son père et les engagements de ce dernier, entrant dans une politique de fuite en avant. Il est entré en confrontation directe avec les Nation -Unies et s’isole de la communauté internationale.»
La liste des revendications adressée publiquement à l’ONU
Le président de la RASD rappelle la récente manœuvre au niveau de l’Union africaine (AU) dont s’est rendu coupable le Maroc lors du sommet de Kigali pour exclure, avec ses alliés africains la RASD de cette organisation panafricaine. «Cette manœuvre ne reflète pas la volonté sincère d’intégrer la famille africaine avec ses orientations, ses principes, ses usages et ses lois», déplore-t-il avant de constater que le souverain marocain a adopté une démarche et un
discours méprisants envers les pays africains, comparant le continent à un malade qui aurait besoin de soins.
discours méprisants envers les pays africains, comparant le continent à un malade qui aurait besoin de soins.
Pour le président, cette politique de fuite en avant et du comportement de colonisateur sont soutenus par la France et certains Etats qui ont un passé de colonisateur. Le chef du Polisario clôtura son discours en s’adressant directement à l’ONU pour formuler les revendications de son pays.
«Les Nations-Unies sont interpellées pour assumer toutes leurs responsabilités afin de terminer l’action de décolonisation dans le Sahara Occidental, prendre des décisions adéquates à cet effet, imposer des sanctions à l’Etat colonisateur (Maroc) jusqu’à ce qu’il accepte l’application du droit international et détermine l’échéance pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui.
Nous demandons également au Conseil de sécurité d’accomplir de rapides et efficaces actions pour mettre fin au comportement du Maroc qui viole la Charte de l’Organisation mondiale.»
Abachi L.