Le message de Ghali

par Moncef Wafi

Brahim Ghali a tenu à rappeler à la communauté internationale que la lutte armée pour le recouvrement de l’indépendance du Sahara Occidental est une obligation pour tous les Sahraouis. «Un devoir national», plaidera-t-il, loin d’être une parade conjoncturelle ou de simples manœuvres militaires. Même s’il n’exclut pas la voie diplomatique, «une priorité» pour le gouvernement sahraoui, le nouvel homme fort du Polisario veut que tout le monde sache, les Marocains en premier, que la formation d’une armée puissante, préparée à la guerre, reste une «priorité stratégique permanente». 
Le message est clair et s’inscrit en droite ligne de la politique sahraouie qui, tout en acceptant de participer aux négociations directes avec Rabat sous un parapluie onusien pour parvenir à une solution garantissant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance, n’hésitera pas à reprendre la lutte armée. Une option sérieusement étudiée au lendemain de l’expulsion des civils de la Minurso. En avril dernier, le message envoyé était clair: «Préparer les troupes en prévision de toute urgence», a été l’explication officielle des manœuvres militaires effectuées dans les territoires libérés du Sahara Occidental par l’Armée de libération populaire sahraouie. Et ce qui n’était que verbe depuis la décision marocaine, s’était concrétisé sous forme d’une mobilisation conséquente. On se rappelle, ces manœuvres militaires sahraouies nous ont plus rapprochés d’une confrontation armée avec l’occupant marocain que d’une solution pacifique sous l’égide onusienne.
La personnalité même du président sahraoui, son long parcours militaire puisqu’il sera de tous les combats, participant aux différentes grèves générales organisées par les militants sahraouis avant de passer à la lutte armée en menant des raids pour procurer armes et équipements militaires au Front, font de lui un homme plus proche de l’action. Même s’il se défend de cultiver un discours où la lutte armée serait une menace ou un moyen de pression politique, il n’en demeure pas moins que son verbe se veut être une réponse à la mollesse des initiatives diplomatiques mais aussi à l’offensive marocaine déclenchée dernièrement dans les coulisses du 27e sommet de l’UA. Rabat qui avait claironné son retour au giron africain avait fait de l’expulsion de la RASD son objectif avoué. En clair, Ghali prévient: on est là quel que soit le combat. Diplomatique, c’est une priorité. Armé, c’est une priorité stratégique permanente. Au Maroc de voir.
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