Volte-face de l’Egypte dans le dossier du Sahara occidental. Si, pendant longtemps, l’Egypte a appuyé sans réserve la diplomatie marocaine dans le dossier du Sahara occidental au sein de l’UA et surtout à l’ONU, où elle a voté en faveur du plan d’autonomie proposé par le royaume, cette fois elle a pris à contrepied la position marocaine, qui perd ainsi un allié de taille au sein de l’UA, et même de l’ONU.
En mars et en avril derniers, le Caire a en effet fortement plaidé au Conseil de sécurité en tant que membre non-permanent – la cause du royaume lors de sa crise avec le SG des Nations unies Ban Ki-Moon.
L’Egypte ne figure pas sur la liste des 38 pays signataires de la motion réclamant de l’Union africaine la suspension de la RASD. En plus de l’Egypte, la Tunisie, la Mauritanie ou encore le Niger se sont tous abstenus de signer cette motion, paraphée par la majorité des pays francophones proches des thèses françaises sur la question sahraouie.
Les Etats sus-cité ont tous refusé d’apposer leur signature sur la lettre des 28 chefs d’Etat réclamant la suspension de la RASD. Les cinq mois qui séparent du prochain sommet de l’Union africaine (janvier 2017) risquent d’être décisifs.
En effet, l’Algérie n’entend laisser aucun pouce à la diplomatie marocaine si elle tente de renverser la vapeur. Si la diplomatie marocaine use de mensonges et de subterfuges pour tromper certains pays africains, la diplomatie algérienne, forte de son rayonnement international et de ses positions de principe se base sur l’efficacité de ses dirigeants pour contrer la vaste offensive menée par le palais royal depuis quelques mois.
En effet, cette offensive lancée par le Maroc en direction de certains pays africains fragiles, est venue après le récent rapport élaboré par les services diplomatiques marocains, qui énumère les « handicaps » du Maroc en Afrique.
Le rapport s’inquiète du « faible poids sur l’échiquier africain des pays francophones qui composent le socle des soutiens du Maroc, et qui se reflète par le niveau de moins en moins important de leur influence sur la scène africaine et au sein de l’UA ».
Le rapport met en garde, dans ce sens, contre « la montée en puissance » des pays anglophones qui composent le socle des soutiens du clan hostile à [notre pays], et qui se traduit par le leadership et l’influence prépondérants qu’ils exercent sur l’agenda africain.
Les Marocains craignent la « grande détermination » et l’ »engagement virulent et agressif » de ces pays pour « imposer [leurs] points de vue ». Ils en veulent pour preuve « les péripéties de l’élection de Madame Zuma à la tête de la Commission de l’UA » qui « en est une parfaite illustration ».
Les auteurs du rapport suggèrent alors à Mohamed VI de dépêcher des « émissaires porteurs de messages royaux » aux « chefs d’Etat des pays amis », en tête desquels le rapport cite le Sénégal, sans omettre d’inclure dans la liste des pays à « démarcher », la Libye, la Tunisie et l’Egypte.
Alger torpille les desseins du Maroc
L’Algérie a tout de suite réagi aux déclarations intempestives et mensongères des sujets de sa majesté qui font feu de tout bois pour travestir la vérité et tenter, par la même occasion, d’occuper le devant de la scène médiatique. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal a rappelé que la RASD « est un membre fondateur » de l’UA et qu’à ce titre, il est impossible à un pays qui devrait avant toute autre chose quémander son adhésion de poser ses conditions. »
Les autorités algériennes ont affirmé que le Maroc devait « se conformer à l’acte constitutif » de l’UA s’il voulait adhérer à cette organisation continentale. Sellal avait souligné, à ce propos, qu’il était question « d’une nouvelle adhésion à l’UA du fait que le retrait du Maroc a eu lieu de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et non de l’Union africaine ».
Si le Maroc souhaite adhérer à l’UA « sans condition », l’Algérie « n’y voit aucun problème, mais il y a des procédures à suivre », avait-t-il ajouté.
Ces sorties médiatiques sont d’ailleurs démenties dans les faits par des responsables de pays. Après l’Egypte c’est la Libye, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Mohamed Taher Syala, qui a indiqué hier a à Nouakchott que l’adhésion du Maroc à l’Union africaine (UA) »est une nouvelle adhésion », qui devrait se faire selon les termes l’acte constitutif de cette organisation panafricaine.
Il s’agit d’une « nouvelle adhésion et non d’un retour. Une démarche qui exige de nouvelles procédures conformément aux termes l’acte constitutif de l’UA », a précisé le chef de la diplomatie libyenne dans une déclaration à l’APS, ajoutant que « cette requête devrait être approuvée par la majorité simple des membres (la moitié plus un) ».
Le Maroc, qui veut jouer un rôle majeur au sein de l’UA, n’a pas les capacités financières et les reins solides pour lui permettre d’être ce pays locomotive qu’il ne cesse de clamer haut et fort. La CNUCED classe le Maroc un pays pauvre et endetté. L’institution onusienne place le Maroc dans la catégorie des « pays pauvres « où le stock de la dette extérieure a atteint 311 milliards de dollars entre 2011 et 2013, soit 31,3% du revenu national brut.
Concernant la dette extérieure du Maroc, elle a atteint 34,32 milliards de dollars entre 2011 et 2013, soit 35,4% du revenu national brut. A titre comparatif l’Algérie, dans la même catégorie, avait une dette extérieure de 5,59 milliards de dollars pour la période 2011-2013, soit 2,8% du revenu national contre 6,42 milliards de dollars entre 2006 et 2009, soit 4,7% du revenu national.
Comme on le voit, puissance financière tant vantée par les médias marocains n’est en effet qu’un leurre et un mensonge de plus pour placer ce pays comme leader sur le continent africain. L’Egypte de Sissi a bien compris cela et a décidé de suivre les leaders africains emmenés respectivement par l’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Algérie.
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