La réponse cinglante de Sellal à MohaMmed VI : «Demander lexclusion de la RASD de lUA est insensé» !
Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a infligé une réponse cinglante, celle de lAlgérie, à la demande marocaine relative à lexclusion de la République arabe sahraouie, comme condition préalable à son retour à lorganisation des Etats africains, lUA. «Cest une demande insensée. Inacceptable. Car il ne faut pas oublier que la RASD est un membre fondateur de lorganisation panafricaine».
Kamel Amarni – Alger (Le Soir) – Sellal sexprimait, ainsi, jeudi dernier, en marge de la cérémonie officielle de la clôture de la session parlementaire. Le Premier ministre sait de quoi il parle : cétait lui-même qui, vendredi 15 juillet dernier, recevait lenvoyé spécial du roi du Maroc auprès de Abdelaziz Bouteflika.
Lenvoyé en question, de second rang, (un vice-ministre en fait) était porteur dun message dont la teneur a été gardée confidentielle, des deux côtés. Cest également Sellal qui représentera lAlgérie au sommet de lUnion africaine, tenue deux jours plus tard à Kigali au Rwanda. Un sommet auquel le royaume du Maroc prenait part, comme membre observateur, et ce, pour la première fois depuis son retrait de la défunte Organisation de lunion africaine, lOUA, en 1984. Cette année-là, le défunt Hassan II décidera de se retirer de lorganisation, en guise de protestation à ladmission de la RASD comme membre à part entière.
Ce retrait, un véritable camouflet diplomatique pour le Maroc, était, en même temps, un retentissant exploit pour la République arabe sahraouie qui, au plan africain, isole Rabat pour le mettre à nu ! Plus précisément, Rabat apparaît sous sa vraie nature dans cette affaire-là : aucun pays africain ne reconnaît sa souveraineté sur le Sahara occidental, une colonisation par ailleurs qui nest reconnue que par dex-puissances coloniales comme la France ! Depuis, lOUA évolue et change de nom et de statut pour devenir lUnion africaine avec, toujours, le Sahara occidental comme membre fondateur et le même Maroc en rade de lOrganisation panafricaine. Cest du reste ce quexpliquera Abdelmalek Sellal, jeudi dernier. «Il ne faut pas oublier que la RASD est membre fondateur de lOrganisation panafricaine». Aussi, «si le Maroc souhaite adhérer à lUA, sans conditions, lAlgérie ny voit aucun problème, mais il y a des procédures à suivre».
Cette même position officielle de lAlgérie avait précédemment été exprimée successivement par le ministre dEtat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra et le ministre des Affaires maghrébines, de lUnion africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel. LAlgérie qui, avec le Nigeria et lAfrique du Sud, est une étape incontournable pour tout ce qui a trait à lorganisation panafricaine, a tenu, à loccasion et par la voix de son Premier ministre, à réaffirmer sa traditionnelle position vis-à-vis de la question du Sahara occidental ainsi que de la partie occupante, le royaume du Maroc. «LAlgérie na pas de problème avec le peuple marocain ni avec le Maroc en général. Sil sagit de rouvrir des dossiers inhérents aux domaines de coopération, nous sommes prêts». Pour autant, ajoutera Sellal, «pour le Sahara occidental, la position est dès le départ très claire et constante, nous sommes pour la solution onusienne et le respect de la légalité internationale». Une solution onusienne que Rabat fait tout pour bloquer, et ce, depuis 1991.
Hassan II qui avait annexé le Sahara occidental en 1974 avec sa fameuse «marche verte» avait, une première fois, signé les accords de Madrid en 1975 et qui consistaient à partager le Sahara occidental avec la Mauritanie, pays quil réclamait également comme territoires marocains auparavant ! Après la guerre du Golfe et sous la pression des Américains, il acceptera la Minurso et le cessez-le-feu avec le Polisario. Mais très vite, il se rendra compte quil allait fatalement perdre le référendum dautodétermination malgré le déplacement massif de ressortissants marocains dans les territoires occupés ! Doù toutes ces fuites en avant, héritées dans leur intégralité par son fils qui est allé jusquà expulser les membres de la Minurso à la suite de la dénonciation publique de ce fait colonial par le secrétaire général de lONU, il y a quelques mois.
Faute darguments, Rabat tente désormais dexpulser lEtat sahraoui dune organisation dont il ne fait même pas partie&
K. A.