Par Rafik Benasseur
Le Ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Ramtane Lamamra, a remué aujourd’hui, samedi le couteau dans le dos du Makhzen, à propos des relations de l’Algérie et des Etats-Unis. Profitant du tête-tête qu’il a eu avec le secrétaire d’Etat adjoint américain, Antony Blinken, il a rappelé le message fort élogieux et émouvant de l’ambassadrice des Etats-Unis à Tokyo, Caroline Kennedy à l’Algérie à l’occasion de la célébration de la fête de l’indépendance le 5 juillet dernier.
«Cette année, l’Algérie a reçu un message de félicitations tout à fait agréable de l’ambassadeur des Etats-Unis à Tokyo, Caroline Kennedy. Elle a évoqué, pour l’occasion, l’engagement de son père, le défunt président américain, John-Fitzgerald Kennedy, au côté de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie, symbolisant ainsi l’engagement et l’attachement de toute la nation américaine aux mêmes valeurs et aux mêmes objectifs», a précisé Lamamra.
Ce fut précisément ce fameux message qui a fait monter le roi et ses sujets sur leurs grands chevaux en se payant même les services d’un lobbyiste américain pour tenter de discréditer l’ambassadrice Caroline Kennedy. Ce dernier, qui travaille pour le think-tank Atlantic Council, s’était notamment interrogé pourquoi une diplomate américaine en exercice dans un pays étranger (Japon) se permet-elle d’encenser un pays si loin comme l’Algérie.
Un couteau nommé Kennedy
Ce qui a fait bondir le royaume et ses serviteurs se sont bien sûr les idées et le combat de Mme Caroline Kennedy en faveur des causes juste notamment celle du peuple Sahraoui. Pour le Maroc, ce message élogieux de l’ambassadrice à l’Algérie constituait aussi un appui américain et quelque part un désaveu aux thèses marocaines.
Le ministre des Affaires étrangères s’est donc fait fort de le rappeler devant le diplomate américain pour souligner un peu plus l’excellence des relations entre les deux pays. Le MAE a d’ailleurs déclaré que lors de son entretien avec Antony Blinken, en visite de trois jours en Algérie, «une référence opportune a été faite à notre histoire partagée de mouvements de libération nationale».
Poussant l’ironie un peu plus, Lamamra a glissé : «Ce n’est pas pour rien que les Etats-Unis célèbrent leur fête d’indépendance le 4 juillet et l’Algérie le 5 du même mois». Le MAE a par ailleurs qualifié les discussions avec son invité à «un temps fort» dans le dialogue stratégique entre Alger et Washington. «Je me réjouis de cette séance de travail qui aura été un temps fort dans le dialogue stratégique entre les deux pays qui s’approfondit, s’élargit et dégage de plus en plus de convergences significatives», a –t-il déclaré à la presse. Sans doute que ces propos vont donner des sueurs froides aux gars du makhzen qui voient d’un mauvais œil tout rapprochement entre Alger et Washington.