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Nouvelle donne

Halim Midouni
Le Maroc a décidé de revenir dans le giron de l’Union Africaine. Après 32 ans de divorce, le Royaume ayant quitté l’Union panafricaine en 1984, c’est une nouvelle donne qui s’annonce sous le ciel du continent. Celle-ci met fin à un vieux processus qui a consisté pour le Royaume chérifien à «faire de l’Afrique» en dehors de son institution phare, et à privilégier la diplomatie des réseaux et des milieux d’affaires plutôt que celle des jeux de coulisses à Addis-Abeba ou auprès de n’importe quel Etat membre de l’Union. Sur un constat d’échec ? Pas sûr. 
Si Rabat décide de revenir aujourd’hui dans l’UA et de cesser avec une démarche décidée en son temps par le roi Hassan II, considérée par lui comme la plus juste pour les intérêts marocains, c’est certainement après des années de lobbying et de diplomatie secrète auprès d’Etats membres en partie prêts à applaudir chaudement son retour. La décision de retour est « réfléchie et longuement mûrie », a déclaré avant-hier le roi Mohammed VI qui, pour confirmer la thèse du retour sous garantie, ne s’est pas abstenu de qualifier la Rasd de « pseudo Etat ». 
Pour son pays, donc, il s’agira avant tout de contrecarrer les représentants de la République sahraouie dont l’adhésion en tant qu’Etat membre depuis 1984 justement, a permis à ses responsables et leaders de gagner l’audience qu’on leur connaît aujourd’hui sur le plan africain et international. Cela promet un affrontement politique et diplomatique d’un type nouveau, sans doute inédit et qu’on peut, sans risque, qualifier de boulet pour l’UA. Le terme n’est pas sans doute pas adéquat, tant le Maroc a le droit de revenir dans l’Union. Mais il résume bien une situation nouvelle et non dépourvue de conflits inédits, en tout cas pas vus depuis le début de la décennie quatre-vingt. Depuis plus de trente ans, en effet, l’Union africaine a eu à gérer le dossier sahraoui en l’absence du Maroc, qui revient maintenant avec l’intention de mobiliser tous ses soutiens pour « casser » la voix des indépendantistes sahraouis. 
Face à ce pays et ses soutiens, tous les autres considèrent que le panafricanisme a pour source nourricière le droit à l’autodétermination et que le dossier sahraoui est une question de décolonisation à régler.
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