RÉFLEXION SUR LATTITUDE À SUIVRE FACE
AUX MANOEUVRES DES ADVERSAIRES DE NOTRE INTÉGRITÉ TERRITORIALE
AU SEIN DES PROCESSUS BI-RÉGIONAUX
Le Maroc participe activement aux divers dialogues bi-régionaux impliquant lAfrique. Sa participation et son dynamisme au sein de ces dialogues revêtent une grande importance pour la défense de ses intérêts et de ceux des pays africains auprès des autres régions du monde. Ils revêtent une importance toute particulière pour lexercice du rôle qui lui revient et maintenir sa visibilité au niveau continental, surtout que son absence des organes de lUnion Africaine le contraint à utiliser dautres canaux de dialogue, de coopération et dinfluence.
· Cependant, lAlgérie tente de perturber la participation du Maroc à ces processus bi-régionaux par plusieurs moyens notamment par ses tentatives dimposer la pseudo « rasd » à loccasion de réunions organises dans le cadre desdits processus, violant ainsi le format du Caire qui prévaut dans tous les partenariats impliquant lAfrique.
· Ces manoeuvres sont opérées essentiellement au siège de lUnion Africaine où il est difficile dengager une bataille dont le risque de la perdre semble probable en raison de lhostilité du terrain du combat. Des exemples dintrusion des mercenaires et du retrait de la délégation marocaine ont été enregistrés à loccasion des réunions de latelier sur le financement de la stratégie conjointe Afrique-UE, du comité de pilotage du 3ème Sommet Afrique-UE et des Hauts fonctionnaires de lASACOF (Afrique-Amérique du Sud) tenues respectivement les 5-7 octobre 2009, le 16 juillet 2010 et le 7 septembre 2010.
· Ces manoeuvres sont facilitées par limplication de la Commission de lUnion Africaine qui, sous pression algérienne et de certains de ses hauts fonctionnaires, notamment le Commissaire chargé de la paix et la sécurité (lalgérien Laamamra) se croit dans lobligation dadresser des invitations aux mercenaires pour participer audits processus.
· De telles manoeuvres sont également opérées dans des pays hostiles à notre cause nationale lorsquils abritent des rencontres bi-régionaux. La réunion des hauts fonctionnaires du NAASP (Afrique-Asie) tenue à Durban (Afrique du Sud) en décembre 2006 et la réunion du Groupe dexperts du commerce de lASACOF tenue en 2008 à Caracas (Venezuela) en sont des illustrations.
· Récemment, la multiplication de ces manoeuvres nous donne des raisons de croire que nous sommes en face dune nouvelle tactique dAlger qui tend à inverser la situation actuelle qui est en notre faveur et perturber la participation de notre pays en imposant la participation des mercenaires.
· Face à cette nouvelle offensive, notre pays devra poursuivre la sensibilisation des pays africains et des pays partenaires en maintenant la pression afin de contrecarrer ces manoeuvres et ne pas donner limpression à lAlgérie que sa nouvelle tactique commence à donner des fruits.
· De telles sensibilisations sont très utiles pour que les délégations marocaines puissent, le cas échéant, affronter dans de meilleures conditions et avec rigueur, déventuelles situations dintrusion des mercenaires.
· Bien que le Maroc devra faire preuve dune certaine cohérence dans la stratégie à suivre et lattitude à adopter face à ces manoeuvres, il nen demeure pas moins que les spécificités de chaque partenariat est à prendre en considération :
– Les dialogues Afrique-Chine (FOCAC), Turquie-Afrique, Corée-Afrique et Afrique-Japon (TICAD) ne comprennent quun seul pays en partenariat avec lAfrique. La Commission de lUnion Africaine (CUA) na pas réussi, à ce jour, à imposer la formule dite « de Banjul » décidée en juillet 2006 par le Sommet de lUA au sujet des partenariats avec un seul Pays et qui restreint la participation africaine aux seuls présidents de lUA et des CERs. Par ailleurs, lUA a déposé sa candidature pour devenir membre à part entière du FOCAC alors quau niveau de la TICAD, elle sest contentée de demander lexercice par la CUA du rôle de suivi de ce processus.
– Par contre, la CUA a réussi à imposer, dans le partenariat de lAfrique avec lInde, la « formule de Banjul » qui limite la représentation africaine au dialogue avec ce pays aux présidences de lUA, des CERs et du secrétariat exécutif du NEPAD, ce qui a exclu, pour le moment, le Maroc et privilégie lAlgérie.
– Le Dialogue France-Afrique, qui est un processus de concertation historique ne comporte aucun risque de dérapage pour notre pays.
– Le Partenariat Afrique-UE comprend, aux côtés des pays africains, les 27 pays européens, la commission et le conseil qui semblent comprendre les préoccupations marocaines et pourraient user de leur influence pour rétablir les situations de dérapage. Dailleurs, suite à lintrusion des mercenaires, le 16 juillet 2010 au siège de lUA à Addis-Abeba, à la 2ème réunion du Comité de pilotage, la CE a établi des « règles strictes » pour garantir, à lavenir, le respect du format du Caire.
– Le Partenariat arabo-africaine comporte moins de risques quant à lintrusion des mercenaires du fait quaussi bien la Ligue Arabe que les Etats arabes ne saventureraient pas dans une situation qui bloquerait le fonctionnement du Partenariat déjà paralysé depuis plusieurs années.
– Le partenariat de lAfrique avec lAsie (NAASP) se caractérise par une neutralité marquée des pays asiatiques et un appui de la majorité des pays arabes à la position marocaine, en plus du précèdent favorable à notre pays qui fut marqué par une forte offensive marocaine réussie contre les tentatives dintrusion des mercenaires à la réunion des Hauts fonctionnaires du NAASP (Durban, décembre 2006).
– LASACOF (Afrique-Amérique du Sud) parait le plus risqué du fait quil comprend parmi les membres de sa partie sud-américaine six pays sur douze qui reconnaissent la fantomatique « rasd » dont le Venezu
ela, pays activement hostile à notre cause nationale.
ela, pays activement hostile à notre cause nationale.
· Face à ces manoeuvres et compte tenu de ce qui précède, les délégations marocaines sont appelées à suivre la démarche suivante:
– En dehors du siège de lUnion Africaine : Il est recommandé dexiger le retrait de la « rasd » et mener une bataille minutieusement préparée à lavance et soutenue par des campagnes de sensibilisation. Cette démarche est dautant plus indiquée quil ne faut pas donner limpression à lAlgérie que ses manoeuvres aboutissent aux résultats escomptés.
– Au siège de lUnion Africaine : Si la délégation marocaine est obligée de se retirer, par souci de préserver son honneur et sa dignité, une déclaration solennelle devra être prononcée, avant que le Président nouvre la séance, pour expliquer nos arguments, marquer la sortie de notre délégation et ne pas se contenter dun retrait discret. De telles déclarations savèrent très utiles pour poursuivre la campagne de sensibilisation et revenir au front lorsque la réunion se tiendra en dehors du siège de lUA.
· Par ailleurs et pour renforcer le positionnement et la visibilité de notre pays, il est recommandé de montrer avec beaucoup de dynamisme lintérêt que porte le Maroc à ces processus bi-régionaux en contribuant activement à leurs activités et en abritant des rencontres organisées dans leur cadre. Investir davantage dans ce sens ne pourra que contribuer au raffermissement de notre crédibilité et notre positionnement au niveau de ces processus.
· Sagissant de lattitude à adopter à légard de lUnion Africaine et sa Commission (CUA), il y lieu de souligner ce qui suit :
– Les délégations et les représentants de notre pays ne devront exprimer aucune hostilité à légard de lUnion Africaine et de la CUA. Il nest pas recommandé dentrer en confrontation avec cette institution qui représente la fierté des africains, y compris de nos amis les plus proches. Dautant plus que cette institution entretient des relations de coopération de plus en plus denses avec lensemble des grandes puissances et des puissances émergeantes ainsi quavec une grande majorité des organisations internationales et régionales, en premier lieu lOrganisation des Nations Unies.
– Le Maroc na pas de problèmes avec linstitution en tant que telle. Il a des problèmes avec une partie de la composante gouvernementale de lUnion Africaine. Dabord lintégration de la pseudo « rasd » parmi les membres de lUA sans aucune légitimité internationale et ensuite lacharnement de certains pays membres de cette Organisation conte les intérêts suprêmes du Maroc.
– A cet effet, des ouvertures de « coopération discrète» avec la CUA (diffusion de linformation, échanges de Notes verbales, de notes et de rapports, etc.) sopèrent nécessairement à loccasion de la participation de notre pays aux processus bi-régionaux, de lexercice de sa capacité de chef de file et de coprésident et/ou à loccasion de la tenue au Maroc dune rencontre bi-régionale impliquant lAfrique.
– Dans le cadre de cette « coopération discrète » établie avec la CUA, le Maroc devra, plutôt, maintenir la pression sur cette institution pour la persuader à ne pas inviter la pseudo « rasd ». Une telle attitude vaut mieux quune confrontation dont le résultat est connu à lavance.
– Lors des négociations de textes dans le cadre des partenariats bi-régionaux, les délégations marocaines sabstiendront de sopposer à linclusion de lUA et de la CUA lorsquil sagit de leur rôle de secrétariat, dimpulsion ou de coordination qui entrent dans leurs prérogatives en tant quinstituions et interlocuteurs incontournables des institutions similaires des autres régions partenaires.
– Les délégations marocaines sopposeront, par contre, à linsertion, dans des textes conjoints, de langages qui tendent exercer une certaine prééminence de lUA et de sa Commission, à dévier le processus de son format initial, tels que les « Ministres de lUA et de lUE ont décidé » ; Sommet ou Forum « UA-UE » ; « UA-Asie » ; « UA-CHINE »; etc. ou qui vise à faire bénéficier du dialogue ou de la coopération, par un langage indirect, une entité non membre des processus bi-régionaux, tels que les « &.Etats membres de lUA&..».
· Malgré tous les efforts, certaines situations continueront dembarrasser notre pays notamment lorsquil sagit de la coopération des organes gouvernementaux de lUA avec leurs vis-à-vis des autres régions partenaires, tels que les relations du Conseil de paix et de sécurité de lUA, de lECOSSOCC et du Parlement panafricain avec les institutions européens où la possibilité de la participation de la pseudo « rasd » nest pas à écarter.
· Dautre part, le Maroc pourrait être également embarrassé par des programmes de soutien aux organes opérationnels de lUA. Le financement par lUE, par exemple, de larchitecture de paix et de sécurité de lUA (APSA) dont la « Standby force » en est une importante composante, inquiète notre pays puisque la Brigade de lAfrique du Nord qui comprend des « forces de la rasd » bénéficient de ce financement européen. A cet égard, ne pouvant pas sopposer au financement de lAPSA par des fonds de lUE, le Maroc a exprimé son mécontentement face au financement indirect, par des fonds européens, de la brigade de lAfrique du Nord qui comprend parmi ses contingents «les forces de la rasd ».