Jusqu’au bout, l’homme qui incarnait la cause sahraouie, a vécu dans la dignité et la fierté d’un peuple dont il partageait pleinement et humblement, dans les camps des réfugiés, les pires souffrances provoquant le désarroi du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui s’est déclaré, lors de la visite effectuée à Tindouf le 5 mars dernier, « profondément touché par la détérioration de la situation humanitaire ».
A la manière d’un Arafat brandissant, au cœur de l’ONU en dépositaire de la légalité internationale, le fusil et le rameau de l’olivier, le fabuleux destin du premier Sahraoui s’identifie totalement avec la volonté de paix qui consacre la victoire des armes. Dans son premier communiqué, en date du 10 mai 1973, le Front Polisario proclame la « liberté au bout du fusil ». Le défunt Mohamed Abdelaziz repose du sommeil du juste, à Bir Lahlou où il a émis le vœu d’être enterré, aux côtés de l’emblématique martyr El Ouali Mustapha Sayed, tombé au champ d’honneur le 9 juin 1976. Et, c’est précisément, dans ce retour à la terre natale que l’ultime combat de Mohamed Abdelaziz se veut une consécration d’un engagement sans faille pour la libération totale et entière du Sahara occidental. Il a été de tous les combats. Ceux de la guerre imposée par l’indépendance confisquée et menée par le jeune étudiant en médecine, participant avec un groupe de 17 universitaires dirigés par El Ouali à la mise en place des fondements d’un mouvement de lutte armée dont le jeune responsable militaire, pendant la phase clandestine contre le colonialisme espagnol, allait ensuite occuper la responsabilité de commandant de région et, après la mort de son compagnon de route, prendre les rênes du Front Polisario et de la RASD, si la bataille mémorable de Guelta Zemmour, signant en mars 1981 la déroute marocaine (anéantissement de la garnison de plus de 2.600 hommes, 230 prisonniers, destruction de 5 appareils dont 1 C-130, 1 F-5, 2 mirages et 1 Puma), pouvait, la jeunesse sahraouie saurait tout de la belle épopée de leurs aînés.
Il a été aussi du combat pour la paix érigé en principe stratégique. Un choix immuable imposé par la victoire des armes terrassant l’ordre colonial marocain à bout de souffle, pris en étau par l’endettement croissant généré par le gouffre financier et la bérézina de l’armée d’occupation subissant les revers les plus retentissants et confinée à la retraite dans le « mur de la honte ». L’héritage de paix du peuple sahraoui est incontestable. Dans son écrasante majorité, la communauté internationale a validé la part de l’engagement sahraoui à la paix de la mystification marocaine clairement exprimée dans le statut d’« occupation », récemment réaffirmée par le secrétaire général de l’ONU, et le refus de toute coopération matérialisée par la fin de non-recevoir accordé à Ban Ki-moon et à son émissaire Christopher Ross.
Au moment où l’occupant marocain s’installe dans le déni de la légalité, en fermant les portes à la Minurso, le départ de l’homme de paix sonne l’urgence de la responsabilité de l’ONU dans l’application du référendum d’autodétermination pour la consécration du jeune Etat doté de tous les attributs de souveraineté et des institutions représentatives du peuple sahraoui, membre à part entière de l’Union africaine et reconnu par plus de 80 pays dans le monde. C’est que, en acquis irréversible, l’homme d’Etat a été également de la race des bâtisseurs dans le long chemin de la libération nationale.
Larbi Chaabouni
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