La question du Sahara Occidental s’invite à la table des discussions

Hocine Adryen
Le désaccord entre l’Algérie et la France sur la sortie de crise au Sahara occidental persiste à cause du soutien que la France apporte au Maroc et à son plan d’autonomie.
Les Algériens ont introduit la question du Sahara occidental dans la première rencontre algéro-française sur la sécurité organisée hier à Alger, la première du genre depuis le réchauffement des relations bilatérales entamées en 2012 et l’arrivée de François Hollande à l’Élysée. 
Les travaux de cette réunion, qui se sont déroulés au siège du ministère des Affaires étrangères, ont été co-présidés par le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, et l’ambassadeur Didier Le Bret, coordonnateur national du renseignement auprès de la présidence de la République française, ont porté , outre la question du Sahara occidental, sur la situation en Libye, en Tunisie et au Sahel. 
La lutte contre le terrorisme et le renforcement de la coopération dans ce domaine, à travers notamment l’échange d’expériences, ont été également abordés : « C’est la première session de ce dialogue à ce niveau avec la participation d’experts des deux pays et cela fait partie du souci partagé de combler un certain vide et un manque de dialogue sur des questions sensibles », a relevé Messahel, précisant que « le manque de dialogue nous entraîne vers des malentendus ». 
Pour le ministre, la réunion « est un exercice très utile » qui va se poursuivre avec les Français et d’autres partenaires pour la stabilité de la région. « Nous aurons certainement d’autres occasions pour continuer ce que nous venons de commencer ensemble dans ce segment qui manquait au partenariat qui est dense entre nos deux pays », a-t-il dit. 
Pour sa part, M. Le Bret a indiqué que cette réunion a été l’occasion d’engager des consultations sur des sujets qui concernent les deux pays, comme la lutte contre le terrorisme et la prévention contre la radicalisation : « C’est un dialogue que nous avons conduit avec l’ensemble des administrations concernées comme la Défense, les Affaires étrangères et les Services de renseignements pour pouvoir ensemble faire que nos efforts convergent sur toutes les questions qui sont aujourd’hui des préoccupations majeures, qu’il s’agisse de la Libye ou du nord du Mali », a-t-il déclaré, prenant soin d’éviter de parler de la question du Sahara occidental où la France appuie depuis longtemps sans réserve la position marocaine qui plaide, sans toutefois réussir à fédérer autour de lui une majorité de pays, pour son plan de l’autonomie de la région. 
Si par le passé, les responsables algériens évitaient d’aborder la question avec leurs homologues français, la tendance s’est inversée depuis peu. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, avait pour la première fois évoqué en présence du ministre français Jean-Marc Ayrault lors d’une conférence de presse, le 29 mars dernier, au siège du ministère des Affaires étrangères, et rappelé quelques vérités sur ce dossier. 
Rappelant la position intangible de la diplomatie algérienne sur cette question depuis plus de 40 ans, Lamamra a indiqué qu’il « faut prendre les décisions qui s’imposent pour permettre l’autodétermination » du peuple sahraoui. 
La question du Sahara occidental relève d’un « processus de décolonisation », a rappelé le ministre algérien qui a ajouté que « Monsieur Jean-Marc Ayrault est ministre depuis quelques semaines « alors que la crise du Sahara occidental « dure depuis près de 40 ans ». 
Martelant le terme de « responsabilité » et de devoir devant « l’Histoire », Ramtane Lamamra a dit « espérer que l’administration Hollande va contribuer à aider la région » et permettre « une sortie de crise ». Jean-Marc Ayrault a rappelé la position française sur la question du Sahara occidental occupé, affirmant qu’elle n’a pas changé : « Entre amis, on se dit les choses franchement » a-t-il répondu. 
Le ministre français a indiqué que la France « a toujours la même position » sur cette question, expliquant que son pays œuvre à promouvoir « un effort de dialogue pour que les relations entre le Maroc et l’ONU s’apaisent ». 
Selon Jean-Marc Ayrault, la France souhaite que la mission des Nations unies au Sahara occidental puisse se poursuivre. Il a réaffirmé la volonté de la France d’un « renouvellement du mandat » de la Minurso. Reste à savoir si le dialogue engagé avec la France sur le sujet du Sahara occidental aboutira à terme à la reconnaissance de la nécessité d’engager le plan de paix onusien, qui s’articule autour de la question d’un référendum pour l’autodétermination du peuple sahraoui. 

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