Molenbeek, symbole d’une Belgique pour longtemps dégradée – Sombres les jours

De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
Le métro s’arrête quelques secondes, quelques passagers, trois, montent dans la rame et puis, sifflement vers une autre station.
Personne n’est descendu. Est-ce un hasard ? Une peur de ne pas s’aventurer dans ce coin horrible ? Une façon de conjurer le sort en ne visitant pas les lieux du crime, des crimes ? Sans doute, de tout cela. Une passagère parle d’une voix qu’elle veut audible par tout le monde : «J’espère que les salauds qui ont fait ça resteront en prison le restant de leur vie.» Les voisins du siège et les autres assis un peu plus loin ne veulent pas entrer en discussion sur cette thèse. Personne n’a envie de parler de l’attentat de Molenbeek ni ne veut en entendre parler. C’est le même sentiment, partout, en Belgique. Le gouvernement Charles Michel, Alliance des Libéraux francophones et des nationalistes, les Flamands, droite pur-jus, n’intéresse pas grand monde lorsqu’il évoque les mesures prises ou à prendre pour lutter davantage contre le terrorisme. Dès les premiers instants qui ont suivi les descentes punititives sur Molenbeek et l’aéroport de Bruxelles, Zaventem, l’exécutif a multiplié les couacs, les erreurs, les déclarations à l’emporte-pièce et les approches bidon. Mis sous tension par ses pairs européens et, particulièrement, par la France qui lui reprochent son peu de vigilance qui a causé les attentats de Paris du 22 novembre 2015, il a, depuis, navigué à vue. Molenbeek, la cité d’où tous les meurtres sur Paris ont été conçus, planifiés et réalisés, est devenue une triste attraction pour les médias du monde entier. Les résidents Belges d’origine marocaine ou belgo-marocaine dans une écrasante majorité ne veulent plus parler aux journalistes, français notamment. Il faut relever que ces derniers ont rivalisé d’ardeur et d’inventivité en production de clichés, de contre-vérités, d’absurdités et de sentences à la clef sans nuances, sans précaution de style. Molenbeek devient, hélas, le lieu de tous les phantasmes, la cité où toutes les approximations sont permises. La bourguemestre (maire) Françoise Schepmans, libérale, a tenté au début de résister à cette déferlante, mais depuis quelque temps, elle semble avoir changé de plan. Les associations, les habitants et les élus municipaux de cette banlieue au cœur même de la ville prennent le relais de la cheffe de la maison communale, montent au créneau pour mettre en exergue les actions menées pour la déradicalisation et les résultats obtenus, ça ne suffit pas, ça ne suffit plus. Le modèle belge a pris un sérieux coup et les sondages font apparaître une avancée, sans pécédent, de l’extrême droite tant au nord qu’au sud du pays. L’opposition au fédéral, socialiste et chrétienne, ne semble pas récolter les fruits de la néfaste gestion des affaires du pays par l’exécutif Michel… 
Ici comme un peu partout en Europe, les vieux démons reviennent au galop et renvoient le Vieux Continent à ses heures les plus sombres, à sa triste histoire de colonisation, de faschisme, de nazisme, de pétainisme et de et de… Bruxelles, capitale de cet ensemble en voie d’évaporation qu’est devenue l’Union européenne, n’en est que le reflet…
A. M.

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