Tous les ans, à la même époque à la fin du mois d’avril, le conseil de sécurité de l’ONU prend connaissance du rapport du secrétaire général de l’ONU sur le Sahara occidental et prend des décisions dont la plus importante est le renouvellement du mandat de la MINURSO [1] censée organiser le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui.
Mais depuis l’année 2003, cette mission est menacée dans son existence, car le royaume du Maroc déclare qu’il ne veut plus du référendum et que le maximum qu’il puisse accorder au territoire est ‘une autonomie élargie‘ dans le cadre de la régionalisation de son royaume. [2]
Du coup la présence de la MINURSO dans le territoire du Sahara occidental est vue comme un simple organe de cessez-le-feu par le Royaume du Maroc [3] [4] . C’est donc en toute logique que le Roi du Maroc n’attendait que le moment opportun pour se débarrasser de la partie civile de la MINURSO celle là même qui s’occupe du référendum.
Expulsion des membres civils de la MINURSO
Le Roi du Maroc, prenant prétexte de l’utilisation du mot ‘occupation’ par le secrétaire général des nations-unis, expulsa les 84 membres civils de la MINURSO présents sur le territoire du Sahara occidental qu’il contrôle [5] . Au même moment il organisa des manifestations, au Maroc et en France , contre le secrétaire général général de l’ONU Mr Ban Ki Moon.
La France, sous-traitant et soutenant la politique marocaine en toute circonstance, on est en droit de s’interroger sur son implication dans cette initiative.
Le Roi du Maroc n’a pas suffisamment pesé la portée de son geste comme il a surestimé le poids de son pays sur l’arène internationale et sous-estimé l’influence de son voisin de l’est actuellement en mode veille, principal soutien du Front Polisario.
Condamnation par le Conseil de sécurité du comportement Marocain
La résolution 2285 du conseil de sécurité votée le 29 Avril [6] à la majorité de 10 voix, de 2 voix contre et trois voix d’abstention, que le Maroc a approuvé [7] , démontre un recul incontestable de la position Marocaine:
La mission onusienne ‘MINURSO’ est réhabilitée et sa mission principale qui le est référendum est confirmée. Le retour de ses membres expulsés est exigé urgemment. Ban Ki Moon doit rendre compte de ce retour au conseil de sécurité dans trois mois [8] .
Les nations-unis s’impliquent davantage dans le processus de paix puisqu’ils portent à deux par an la réunion du conseil de sécurité de l’ONU discutant du processus de paix dans le territoire [9] .
bondir l’Algérie qui était jusqu’ici était en mode ‘wait and see’. Dorénavant l’affaire du Sahara occidental est inscrit dans l’agenda algérien [10] et la France est prié de soutenir ‘l’autodétermination du peuple sahraoui’ si elle veut avoir des relations stratégiques avec l’Algérie.
Contrairement à ce que rapporte la presse marocaine, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon et son envoyé personnel, Christopher ROSS ont été soutenu par le conseil de sécurité.
La composition du vote de la résolution démontre l’isolement du Maroc au sein du conseil de sécurité. La France n’a pas pu faire mieux pour son ami ‘marocain’ si ce n’est amadouer la résolution américaine. Les deux pays s’opposant, le Venezuela et l’Uruguay, les trois pays s’abstenant, la Russie l’Angola et Nouvelle zélande ont estimé que le texte est clément pour le Maroc. La Russie, considérée par la presse française et marocaine soutenant la position marocaine, est allée plus loin puisqu’elle suggère d’adjoindre des délégués onusiens à la tables des négociations.
La présence et l’intervention de l’envoyé spécial de l’Unité Africaine (UA) au Sahara occidental, Mr Joaquim Chassino, Malgré les protestations du Tandem Franco-Marocain, pour la première fois, est un signe de l’affaiblissement de la position Marocaine.
Perspective d’avenir du Sahara Occidental
Malgré les victoires diplomatiques successifs des sahraouis tant au niveau européen qu’au niveau onusien, la situation demeurera bloquée, tant que le Royaume du Maroc ne voit pas de solution en dehors de sa souveraineté sur le territoire. Les sahraouis, portés par le Front Polisario, eux ne voit de solution que dans le référendum autodétermination, qui s’il est appliqué aboutira à l’indépendance.
Alors que la position du Front Polisario, soutenue par l’Algérie le Nigéria l’Afrique du sud et l’Unité Africaine, coïncide avec les résolutions onusiennes celle du Royaume du Maroc ne bénéficie officiellement que du soutien français et des pays arabes du Golfe.
Afin de débloquer la situation, la Russie propose l’envoi de délégués onusiens à la table des négociations comme facilitateurs.
La France ne peut plus jouer le rôle d’intermédiaire entres les deux parties, vu son alignement aveugle et inconditionnel sur la position marocaine.
Restera alors la solution coercitive, qui est la mise sous tutelle onusienne du Sahara occidental afin d’appliquer le plan de paix et en particulier le referendum d’autodétermination du peuple sahraoui.
La France ne le permettra pas.
[1] Site de la MIssion des Nations-Unis pour Un référendum au Sahara Occidental. Lire en Ligne
[2] Maroc: Mohamed VI juge obsolète le référendum sur le Sahara occidental. Lire en Ligne
[3] Mission de la MINURSO vue seulement comme étant un organe de cessez-le-feu. Lire sur Bladi.net.
[4] Article d’un marocain dans le journal LEMONDE relayant les vues marocaines. Lire sur LeMonde l’article.
[5] Sahara occidental: Le Maroc expulse des Membres de l’ONU. Site Afrik.com. Article du 20 Mars 2016.
[6] Le texte de la résolution 2885 en langue française. Lire la résolution en français.
[7] Le Maroc satisfait de la résolution 2285. Un article de Yabiladi du 29/04/2016 (Lire).
[8] Article dans le journal électronique telquel.ma du 29/04/2016 (lire).
[9] Le point 11 des décisions de la résolution 2285 où il est dit : »Prie le Secrétaire général de lui faire
régulièrement, et au moins deux fois par an.. » (Lire sur le site Onusien et le point 11).
[10] Pour la première fois depuis très longtemps les états-majors des deux pays algérie sahara occidental se sont réunis (Lire).