Le Maroc n'a gagné que du temps avec la dernière résolution de l'ONU sur le Sahara

La dernière résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara occidental a permis au Maroc de gagner du temps, mais sans qu’il ne parvienne à faire passer aucun de ses principaux souhaits, estiment les observateurs à Rabat.
Une fois la résolution digérée et analysée durant ce week-end, le pragmatisme s’est imposé après les premières déclarations triomphalistes : « Le Maroc sauve les meubles », titre le quotidien « L’Economiste », tandis que le journal « Aujourd’hui le Maroc  » note dans son éditorial que le pays « a limité les dégâts, mais doit continuer la lutte ».
La résolution a prolongé d’un an la mission de l’ONU au Sahara [MINURSO], et a insisté sur la « nécessité urgente qu’elle revienne à sa pleine fonctionnalité », en référence à l’expulsion par le Maroc de presque tout le personnel civil.
En ce qui concerne le délai de trois mois fixé pour que la Minurso retrouve sa « pleine fonctionnalité », presque tout le monde à Rabat s’accordent sur le fait que le Gouvernement marocain ne fera pas un geste maladroit à ce sujet pour éviter une confrontation ouverte, et même l’ambassadeur du Maroc auprès de l’ONU Omar Hilale, a été évasif lors de ses premières déclarations sur le retour de ces civils.
La résolution ne reprend aucune des sollicitations fondamentales que le Maroc met sur la table depuis des années comme par exemple l’abandon de l’option du référendum d’autodétermination dans l’ancienne colonie espagnole et la proposition marocaine d’autonomie pour le territoire.
Elle ne mentionne pas non plus le rôle de l’Algérie comme un acteur principal dans le processus, pas plus d’un simple appel général à « la pleine coopération des États voisins », et au contraire elle continue à citer le Front Polisario en tant que partie principale du conflit, malgré que la diplomatie marocaine a essayé systématiquement de le marginaliser ces dernières années.
La résolution ne reprend pas non plus la demande incessante de la partie marocaine pour recenser le nombre de réfugiés dans le camp de Tindouf, puisque Rabat considère que les chiffres sont « gonflés » et ne sont pas vrais.
Mais le vote de vendredi a également laissé un goût amer en termes de soutien diplomatique au Maroc : des grands pays, tant les États-Unis comme la Russie ont déçu, chacun à sa manière, Rabat.
Dans le cas de la Russie, parce que celle-ci s’est abstenue lors du vote, alors que le Maroc a pris pour acquis son soutien après la visite de Mohamed VI à Moscou mars dernier. En réalité, Moscou non seulement s’est abstenue, mais lors des discussions sur le projet de résolution, elle s’est opposée à louer les « efforts » marocains, selon des fuites.
En ce qui concerne les États-Unis, parce que leur projet de résolution, qui a servi de base aux discussions, a été senti à Rabat comme un seau d’eau glacé sur la tête [une douche froide] et le ministère marocain des Affaires étrangères n’a pas épargné de ses critiques Washington l’accusant « d’avoir introduit des éléments de pression, de restrictions et d’affaiblissement, et agi contre l’esprit de partenariat qui le lie au Maroc ».

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