Après l’adoption de la résolution onusienne sur le Sahara occidental
Acculé dans ses derniers retranchements par le Conseil de sécurité de l’ONU, qui lui donne quatre-vingt-dix jours pour rétablir pleinement le fonctionnement de la Minurso, le Maroc se conformera-t-il au contenu de la résolution onusienne ?
Cette question s’impose de fait en raison du comportement hostile du Maroc vis-à-vis du secrétaire général des Nations unies et de son envoyé personnel au Sahara Occidental, qui les a accusés même de partialité, avant la tenue de cette réunion du Conseil de sécurité.
Le royaume chérifien, qui misait énormément sur le soutien de son allié français pour le conforter dans sa position, a du déchanter car les Etats-Unis ne l’entendaient pas de cette oreille cette fois-ci. Ban Ki-moon et Christopher Ross ont été confortés dans leurs rôles respectifs par le Conseil de sécurité, dont la nouvelle résolution leur apporte leur total soutien et exige le rétablissement de la Minurso dans son fonctionnement, alors que Rabat avait pris la décision unilatérale de renvoyer la majeure partie de ses membres.
Et c’est dos au mur que se retrouve le souverain alaouite, qui n’a d’autres choix que d’appliquer la résolution du Conseil de sécurité dans les quatre-vingt-dix jours suivant son adoption, faute de quoi Ban Ki-moon se fera un plaisir d’établir le constat d’échec. Il appartiendra alors au Conseil de sécurité de prendre les mesures qui s’imposent. En attendant, il est peu probable que le makhzen, dont la réaction officielle tarde à venir, aille aux charbons en refusant d’exécuter le contenu de la résolution portant le numéro 2285, bien qu’il ne faille pas se faire d’illusion quant à la poursuite de la politique de fuite en avant consistant à gagner du temps dans l’espoir d’imposer sa thèse expansionniste à tous.
Ceci dit, le Maroc peut s’estimer heureux que la nouvelle résolution ne soit pas étendue au contrôle des droits de l’Homme comme cela avait été demandé par les organisations non gouvernementales spécialisées en la matière, à l’instar de Human Rights Watch, et Amnesty International, ainsi que par l’Union Africaine.
L’on rappellera que c’est à la dernière minute que Washington avait retiré en avril 2015 son projet de résolution incluant le contrôle des droits de l’Homme parmi les tâches de la Minurso, à la suite des fortes pression exercées par la France à l’époque. Mais, cette fois-ci, l’attitude provocante de Rabat, qui s’est permis de remettre en cause les attributions du secrétaire général de l’ONU qu’il a refusé d’accueillir lors de sa tournée dans la région sous couvert de prétextes fallacieux, a été jugée irrecevable, notamment par les Américains, qui n’ont pas hésité à mettre sur la table leur projet de résolution insistant sur le rétablissement de la Minurso dans ses fonctions.
Les véritables intentions de Mohammed VI sont connues de tous, mais les prochains jours nous renseigneront certainement sur les moyens auxquels il aura recours pour s’en sortir avec le minimum de dégâts de ce nouveau revers diplomatique.
Merzak Tigrine
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