Les soutiens de l’allié traditionnel du Maroc, la France, de l’ancienne force coloniale l’Espagne ou du Sénégal, n’auront finalement servi à rien. Le roi Mohammed VI, ses ministres, ses serviteurs, ses lobbys et son makhzen se souviendront longtemps de cette journée du 29 avril 2015 puisque le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté hier, vendredi, la résolution 2285 (2016) par laquelle il proroge jusqu’au 30 avril 2017 le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (Minurso).
La France, le Sénégal et l’Espagne ont notamment été très actifs pour convaincre les pays membres du Conseil de sécurité de ramener le délai de rétablissement de la Minurso à 90 jours au lieu des 60 jours initialement proposés.
En votant cette résolution, le Conseil de sécurité demande le rétablissement de la Minurso, dont la composante civile et politique a été récemment expulsée par le Maroc, dans un délai de 90 jours. Le mandat de la Minurso a également été renouvelé d’un an, ce qui signifie le retour au statu quo. Quelques minutes avant le début du vote, le représentant permanent de la France à l’ONU, François Delattre, a déclaré à la presse que «le principal objectif de la France est de rétablir la confi ance entre le Maroc et les Nations unies».
L’ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilale a, lui, refusé de donner une déclaration aux journalistes présents sur place avant le début du vote. Le Maroc n’a pas fait de commentaire depuis la présentation, il y a près d’une semaine, du rapport nouveau de Ban Kimoon sur le Sahara. La réaction de Rabat suite à l’adoption de la résolution de l’ONU ne devrait pas tarder.
Il convient de noter dans ce sens que le secrétaire général de l’ONU, Ban Kimoon, devrait présenter dans 90 jours un autre rapport au Conseil de sécurité pour informer l’organe onusien si la Minurso a été rétablie dans la plénitude de son mandat.
Le projet de résolution présenté par les Etats-Unis, qui a servi de base des discussions au renouvellement de la Minurso, prévoyait un délai de deux mois, qui a été modifi é sous la pression de la France à quatre mois, puis ramené, grâce à quelques membres du Conseil de sécurité, à trois mois. L’adoption prévue jeudi dernier a été reportée à hier vendredi afi n d’accorder plus de temps à quelques membres du Conseil de sécurité pour consulter leurs capitales respectives sur le projet. Globalement, le projet de résolution prévoit de proroger le mandat de la Minurso au 30 avril 2017 et demande au Front Polisario et au Maroc d’engager rapidement un cinquième round des négociations qui doivent être menées sous les auspices du secrétaire général de l’ONU.
Les négociations doivent aboutir à «une solution mutuellement acceptable qui accorde au peuple sahraoui le droit à l’autodétermination », souligne le même document. Le chef de l’ONU est tenu, en vertu de ce projet, de présenter au moins deux rapports par an au Conseil de sécurité pour l’informer du déroulement des négociations.
A ce propos, le projet insiste également pour que Ban Ki-moon présente son rapport annuel sur le Sahara Occidental bien avant l’achèvement du mandat de la Minurso. Selon le même document, le Conseil de sécurité devrait également réaffi rmer son soutien à Christopher Ross, l’envoyé spécial de Ban Ki-moon au Sahara Occidental, pour ses eff orts déployés en vue de faciliter les négociations entre les deux parties.
Le document souligne, par ailleurs, la nécessite de protéger les droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés, en encourageant les deux parties à travailler avec la communauté internationale pour instituer «des mesures indépendantes et crédibles» en mesure d’assurer le respect des droits humains.
Reporters, 30 avril 2016
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