Vive tension entre Alger et Paris

Les relations algéro-françaises qui ont connu une nette amélioration depuis la signature de la Déclaration d’Alger par les présidents des deux pays, semblent connaître un virage très sensible qui pourrait changer les calculs de chaque partie.
Par Nacera Chennafi
Alors que les deux pays se dirigent vers l’organisation du 3e haut comité gouvernemental prévu pour le 17 avril avec la présence du Premier ministre français Manuel Valls qui sera accompagné d’un nombre important de son staff gouvernemental, la dernière publication de journal «Le Monde» concernant ce qui est appelé Panama papers et la publication de l’image du président Bouteflika en Une alors qu’il n’est pas cité dans cette affaire a mis Alger en colère qui a communiqué sa protestation à Paris. 
A cet effet, Alger ne décolère pas et après la convocation de Bernard Émié, ambassadeur de France à Alger, le mercredi 6 janvier par le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, c’est au tour du ministre de l’Intérieur, Nouredine Bedoui de tracer des lignes rouges à ne pas dépasser. Dans une déclaration à la presse jeudi dernier en marge d’une plénière consacrée aux questions orales, que «l’atteinte aux institutions constitutionnelles et à leurs symboles était une ligne rouge à ne pas franchir», M. Bedoui qui répondait à une question d’un journaliste sur la campagne de presse hostile à l’Algérie et à ses institutions menée par certains médias en France dira qu’«il est de notre devoir en tant qu’Algériens de ne pas tolérer qu’il soit porté atteinte à nos symboles et à nos institutions constitutionnelles», a ajouté le ministre en marge d’une séance plénière à l’Assemblée populaire nationale (APN) consacrée aux questions orales. 
La protestation énergique du ministère des Affaires étrangères contre cette campagne est une «réaction appropriée», a affirmé M. Bedoui. Selon un communique de MAE algérien, cette convocation est venue «suite à la campagne de presse hostile à l’Algérie et à ses institutions menée en France dans différents médias et à travers d’autres activités publiques». 
La même source a indiqué que «M. Lamamra a fait valoir le fait que ladite campagne malveillante et fallacieuse – que l’invocation de la liberté de la presse ne saurait aucunement justifier – a atteint son paroxysme avec des manipulations diffamatoires délibérément dirigées contre l’Institution présidentielle». 
De son côté, le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, qui a été interrogé jeudi dernier par un député de la commission économique de l’Assemblée populaire nationale (APN) sur ce qui est appelé Panama papers, aurait indiqué que «c’était faux et que ce sont des manœuvres de l’étranger». Bouchouareb aurait parlé aussi «des lobbies qui ont des intérêts en Algérie parce qu’il a fermé les portes devant eux». 
Il faut savoir que des moments de tension ont déjà existé entre les deux pays, d’ailleurs, c’est la deuxième fois en six mois que l’ambassadeur de France en Algérie est convoqué aux Affaires étrangères. Il a été déjà convoqué, le 18 octobre dernier, après la fouille de Hamid Grine à l’aéroport d’Orly. M. Émié avait été reçu par le directeur général du protocole au MAE. Il ne faut pas oublier aussi le dossier du Sahara occidental sachant que le 29 mars dernier, Ramtane Lamamra a montré la colère d’Alger à son homologue français Jean-Marc Ayrault, Paris ayant appuyé le Maroc dans son offensive contre l’ONU. 
Et d’autre part, Alger même – si elle ne le dit pas directement, reste insatisfaite du niveau de coopé- ration économique, notamment l’investissement français en Algérie qui reste loin des espérances. Cependant, l’atteinte à la réputation des institutions algériennes est la goutte qui a fait déborder le vase. A cet effet, on ne sait ce que pourra trouver le Premier ministre, Manuel Valls comme réponse aux responsables algériens sachant qu’il est attendu demain à Alger dans le cadre du Haut comité gouvernemental algéro-français. 
La signature de plusieurs contrats est annoncée mais ceci ne suffira pas probablement pour faire l’impasse sur la campagne des medias français même si le pré- sident Hollande ne peut exercer aucun pouvoir sur ses medias sachant que l’homme est politiquement affaibli ainsi que le montrent différents sondages quant à ses chances aux présidentielles de 2017. Toutefois, selon des observateurs, l’Algérie restera liée à la France malgré toutes les tensions, que ce soit avec Hollande ou celui qui lui succèdera. N. C

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