L’Algérie reste inflexible sur le fait que le Sahara occidental doit accéder à son droit à l’autodétermination. C’est une question d’honneur, de justice, mais aussi et avant tout de souveraineté. Ceux qui voient dans la position algérienne une sorte d’entêtement de prestige ont tort, l’Histoire nous apprend consciencieusement que le Maroc dans cette affaire a en permanence bafoué les droits élémentaires de tout un peuple, et ne s’est jamais résigné à l’idée d’une remise en cause des territoires donnés, grâce à un accord honteux (les accords de Madrid), par l’administration coloniale espagnole.
Si l’on veut comprendre la rectitude de l’Algérie concernant le dossier sahraoui, il faut donc se référer essentiellement à l’Histoire. C’est ce que font judicieusement certains analystes en mettant en exergue des documentaires ou des dossiers qui retracent objectivement un cours historique compromettant pour le Maroc. En effet, le Sahara occidental était occupé jusqu’à la fin de l’année 1975 par les Espagnols. Le Front Polisario, qui s’est formé le 10 mai 1973 à Zouerate en Mauritanie, a été à l’avant-garde de la lutte contre l’occupation espagnole jusqu’à la libération.
Mais le Pouvoir du Makhzen rejetant les conclusions de la Cour internationale de justice, a estimé – en se basant sur les dernières volontés du grabataire Franco de céder le territoire à Hassan II et aux Mauritaniens – que le pays fraîchement décolonisé faisait partie désormais, à 75 %, des provinces du Sud marocaines.
Devant ce déni dont a fait preuve le Royaume Alaouite, le Front Polisario s’est opposé immédiatement par les armes à l’annexion du territoire par le Maroc et la Mauritanie et a annoncé en février 1976 la création de la « République Arabe Sahraouie Démocratique » (RASD). La Mauritanie, dans un élan de sagesse, a finalement reconnu sa souveraineté en 1979, il ne restait que le Maroc, contre lequel légitimement les forces du Polisario ont entamé une lutte armée au lendemain des Accords de Madrid, qui s’entêtait. C’est pourquoi, la RASD possède, jusqu’à maintenant, un gouvernement en exil, dont Mohamed Abdelaziz est le président de la république. Elle est aujourd’hui reconnue par près d’une quarantaine d’États, pour la plupart en Afrique ou en Amérique latine.
En mai 1975, une mission de l’ONU reconnut sa légitimité, tandis que la Cour internationale de justice à la Haye arbitra en faveur de l’autodétermination du peuple sahraoui. La résolution 34/37 adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU, le 21 novembre 1979, désigne le Polisario comme « le représentant du peuple du Sahara occidental ». Dernièrement, en mars 2016, Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, a même qualifié de « colonisation » la présence du Maroc au Sahara. Déclaration historique ! De fait, tous les pays qui soutiennent le Front Polisario, comme l’Algérie, Cuba, le Venezuela, l’Equateur ou l’Afrique du Sud post-apartheid, le font en adhérant fortement au combat contre le colonialisme, au droit des peuples à l’autodétermination et aux résolutions internationales.
Rappeler ces quelques vérités historiques est le début de la compréhension du conflit et surtout de la compréhension de la lutte du peuple sahraoui à qui on a confisqué son indépendance contre l’occupant espagnol. Et c’est en cela que réside l’honorabilité du soutien algérien .
Par Mohamed Salim