Visite du MAE français en Algérie : les dits et les non-dits de Paris sur le soutien inconditionnel au Maroc

Le chef de la diplomatie française, Jean Marc Ayrault, effectue ce mardi une visite officielle, sa première en Algérie depuis qu’il est à la tête du Quai d’Orsay.
Cette visite préparatoire à la réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN), le 9 avril prochain, prévoit un dialogue politique régulier entre les deux pays au niveau des Premiers ministres, des ministres des Affaires étrangères et des secrétaires généraux. Le CIHN, que M. Ayrault avait lui-même présidé en décembre 2013 à Alger, sera présidé au mois d’avril par les deux Premiers ministres MM Sellal et Manuel Valls . M. Ayrault s’entretiendra avec Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Des entretiens qui permettront de faire « le point sur l’évolution de l’ensemble des dossiers inscrits à l’agenda bilatérale » et d’examiner les voies et moyens permettant d’approfondir le dialogue politique et de renforcer les relations entre les deux pays», a indiqué le ministère des Affaires étrangères .La coopération bilatérale est au beau fixe et se renforce dans tous les domaines : sécurité et lutte contre le terrorisme, formation et employabilité des jeunes ou encore développement industriel à travers plusieurs grands projets concernant les transports, la santé ou l’énergie.
Or et si la visite de M Ayrault sera «l’occasion d’approfondir la concertation sur les grandes questions régionales et internationales et de recueillir les vues de l’Algérie, pays qui joue un rôle majeur pour la stabilité de la zone, notamment en matière de lutte contre le terrorisme», d’après le communiqué de l’ambassade de France en Algérie, il n’en demeure pas moins qu’une divergence de taille entache ces relations. Il ne s’agit pas moins que de l’appui inconditionnel de la France au Maroc, qui non seulement persiste dans son occupation coloniale du Sahara occidental, déclarant une véritable guerre aux Nations unies , s’en prenant au secrétaire général de l’ONU qui n’adhère pas aux thèses de Rabat et paralysant le fonctionnement de la Minurso . Un grave précédent qui ne s’apparente qu’aux démarches d’Israël, dont le Maroc calque les postures diplomatiques s’appuyant sur les mêmes lobbies et qui risque de remettre en cause l’ensemble du dispositif des opérations de maintien de Paix des Nations unies.Une décision folle du Maroc qui s‘arroge le droit de réduire l’effectif de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), pour mieux la neutraliser et en faire un simple instrument de surveillance du cessez-le-feu .Ce qui est intolérable pour les Sahraouis, d’autant que le Maroc fort du soutien de Paris et s’inventant celui de grandes puissances pousse à la provocation, envoie des troupes dans les régions du Sahara occidental et joue avec le feu. Il aura fallu trois réunions du Conseil de Sécurité –Une première du Conseil de Sécurité , paralysée par l’appui et les manœuvres de la diplomatie française, pour finalement ne rien décider. Cette grave situation devrait être examinée lors des entretiens à Alger de M Jean Marc Ayrault, dont l’arrivée au ministère des Affaires étrangères laisse présager une prise de distance et une plus grande neutralité dans la question du Sahara Occidental. Mais pour Paris le changement est dans la continuité et il semble bien que le lobbying marocain associé à celui d’Israël et désormais avec celui de l’Arabie saoudite, pousse les dirigeants français à appuyer les entraves marocaines et à encourager Rabat à défier l’ONU et à s’installer dans la colonisation et la répression au quotidien du peuple sahraoui dans les territoires occupés . Avec la bénédiction de Paris, le Maroc veut empêcher une surveillance de ses violations des droits de l’homme et surtout rendre caduque l’organisation du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui , solennellement réaffirmé chaque année par les résolutions des Nations-unies, auxquelles adhèrent Rabat et Paris. Avec les changements à la tête de la diplomatie française on était en droit de s’attendre à une nouvelle politique de la France au Maghreb, d’autant que sur de nombreux dossiers de politique étrangère Paris et Alger convergent. Est-ce à dire que le dossier du Sahara occidental et celui du Maroc enfant chéri de Paris qui passe tous les caprices d’un souverain marocain plus présent dans ses résidences en France qu’au Maroc est le domaine réservé du Président Hollande, dont le double jeu est par trop évident ? Il sera intéressant de connaître la position du nouveau chef de la diplomatie française, Jean Marc Ayrault, connu pour sa droiture et qui échappe –du moins pour le moment –à l’influence du lobby marocain qui fait la pluie et le beau temps à Paris .
M. B.

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