Le Maroc met la région sur le pied de guerre

Mohamed TOUATI
Cette rencontre vient en réponse aux mesures de rétorsion prises par le royaume contre la Minurso.
La reprise des négociations pour mettre fin au conflit du Sahara occidental est compromise. La tension est montée d’un cran depuis que le Maroc a pris des mesures de rétorsion contre la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental. Des représailles contre le SG de l’ONU qui avait qualifié la présence marocaine au Sahara occidental d’ «occupation».
Plus de 80 de ses membres ont été expulsés par les autorités marocaines qui ont dans la foulée décidé de lui supprimer leur contribution financière. Un précédent très dangereux qui «remet en question le mandat du Conseil de sécurité de l’ONU dans le maintien de la paix et la sécurité dans le monde», avait prévenu la présidente de la Commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma. Une réunion de haut niveau s’est tenue dimanche dernier à Alger, sous la présidence du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et de son homologue sahraoui Abdelkader Taleb Omar.
Le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, le vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah, et le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel ont pris part à ces consultations. Que s’est-il dit? «Ces consultations ont porté sur les questions diplomatiques, sécuritaires et humanitaires d’intérêt commun», indique un communiqué rendu public. Nous n’en saurons pas plus. Inutile cependant d’ergoter. Les décisions marocaines ont mis bel et bien la région sur le pied de guerre. Des décisions qui interviennent alors que l’Algérie s’apprête à recevoir le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, dont le pays figure parmi les soutiens indéfectibles du pouvoir marocain quant à la question sahraouie. Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU s’apprête à voter vers la fin du mois d’avril une nouvelle résolution qui doit prolonger le mandat d’une Minurso qui n’est désormais plus que l’ombre d’elle même, le mandat de l’actuel secrétaire général doit expirer à la fin de l’année 2016. Autant de paramètres sur lesquels table la diplomatie marocaine pour inverser la vapeur en sa faveur ou en cas d’échec, certain au demeurant, de ce calcul prolonger le statu quo dans lequel végète le conflit du Sahara occidental.
Une option qui peut conduire au pire: la guerre. Le Front Polisario s’y prépare. L’Armée de libération sahraouie est en état d’alerte. Le bureau de son secrétariat national qui lui a réaffirmé son soutien a appelé «son état-major à hausser son niveau de préparation afin d’affronter les circonstances actuelles et les complots de l’ennemi marocain…», a souligné un communiqué rendu public à l’issue d’une réunion présidée par le Premier ministre, Abdelkader Taleb Omar, répercuté par une dépêche de l’agence officielle de presse sahraouie SPS datée du 21 mars.
Deux jours plus tard ce sera au tour de la Commission des droits de l’homme du Congrès américain d’épingler le Maroc sur la question de la condition des prisonniers politiques sahraouis, les violations exercées contre les militants sahraouis, du statut du Sahara occidental et de son lobbying forcené pour y asseoir sa souveraineté… Un événement. Une première qui a sans doute donné une autre dimension à la question sahraouie prise en otage jusque-là par un Conseil de sécurité qui a montré à ce jour son impuissance à mettre en pratique toutes les résolutions dont il a accouché. Toutes dans les termes les plus clairs garantissent au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination.
Le Maroc a fait le choix de les piétiner. De défier les instances internationales en toute impunité, démontrant son irresponsabilité. Celle de mettre toute une région sur une poudrière. Un contexte explosif qui a incontestablement été au coeur du sommet algéro-sahraoui…
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