Frémissements autour d'un conflit vieux de 40 ans

Hocine Adryen
Les dernières déclarations du SG de l’ONU, Ban Ki-moon dans les camps de Tindouf et à Alger, et qui ont irrité lesautorités marocaines, n’ont pas été prononcés à la légère comme semble l’indiquer le gouvernement marocain.
Le refus catégorique du SG de l’ONU d’assouplir ses postions vis-à-vis du royaume ne serait pas anodin et ne résulterait pas d’un simple entêtement de sa part.
Elles sont le fruit d’une réflexion profonde au sein du Conseil de sécurité et à leur tête les Etats Unis et la Grande-Bretagne, deux membres influents de cette institution. Ces deux pays, dit-on, expriment aujourd’hui des positions différentes avec le Maroc et seraient même favorables à une autre voie qui dépasserait la proposition d’autonomie proposée par celui-ci.
Les deux capitales préparaient d’ailleurs un projet, une sorte de « troisième voie » qui serait plus que l’autonomie, moins que l’indépendance. Une solution portant la signature de Christopher Ross qui pourrait prendre la forme d’un fédéralisme plus ambitieux. Seulement, le Maroc refuse catégoriquement cette option.
Autre coïncidence inquiétante pour le Maroc, les déclarations de Ban Ki-moon interviennent seulement un mois après le voyage de l’ambassadrice des Etats-Unis à Alger, dans les camps des refugiés de Tindouf.
La diplomate était accompagnée par Margaret Mckelvey, responsable Afrique auprès du Département d’Etat. Après l’épisode d’avril 2013, une nouvelle crise entre les Etats-Unis et le Maroc est née du fait de l’expulsion du personnel de la Minurso.
A l’époque, les services de John Kerry avaient soumis au Conseil de sécurité un projet de résolution proposant d’élargir le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental. Une chose que le Maroc avait réussi à éviter grâce aux concours de ses relais au Pentagone, au lobby juif aux Etats-Unis, à l’Arabie Saoudite, à l’Espagne et à la Russie. Aujourd’hui, la donne a complètement changé.
La visite de John Kerry à Alger au début du mois d’avril, même si sur le plan officiel, elle prend les contours d’un voyage dédié exclusivement aux affaires commerciales et économiques entre les deux pays, sera le moment idéal pour mettre sur la table la fameuse proposition de Christopher Ross.
Avec le départ de la Minurso de Laâyoune, territoire occupé par le Maroc, le mandat de celle-ci qui contient toujours l’objectif d’organiser un référendum d’autodétermination pour les Sahraouis, part en fumée. 
D’ailleurs, le mandat a progressivement évolué vers l’assistance aux réfugiés, l’aide au développement économique et la désactivation des milliers de mines posées autour du mur de sable, qui continuent à faire des victimes chaque année. Il est d’ailleurs à noter que la Minurso est la seule mission de l’ONU au monde dont le mandat ne comprend pas de volet sur les droits de l’homme.
L’ONU est donc incapable d’agir en cas de violation de part et d’autre, comme en 2013 lorsque six militants sahraouis avaient accusé la police marocaine de torture. Malgré de lourdes critiques à l’intérieur de l’ONU sur ce point, la possibilité d’une introduction des droits de l’homme dans la mission de la Minurso est bloquée par la France avec son droit de veto, pour le compte de son allié marocain.

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