«Importante » était la visite du secrétaire général de l’ONU en Algérie. L’appréciation ainsi partagée par Alger et franchement exprimée par Ban-Ki-Moon à son départ, laisse entrevoir l’intérêt onusien pour le règlement de situations litigieuses ayant beaucoup mis rude épreuve les relations entre voisins.
Ban Ki-Moon, qui doit présenter le mois prochain e son rapport sur le Sahara Occidental au Conseil de sécurité portera en gros caractères la cause sahraouie que les concernés ont su lui exprimer lors de sa visite dans les camps des réfugiés. Une situation à laquelle il a fait montre de compassion en se disant «profondément attristé par cette tragédie humanitaire» constatée sur place. Il est «temps d’agir» et que «le monde ne peut continuer à négliger les Sahraouis.» Le Secrétaire général de l’ONU, favorable à un règlement « politique juste, durable et acceptable par tous, fondée sur l’autodétermination du peuple du Sahara occidental», repart avec la ferme volonté de voir plus clair, après que son envoyé spécial, Christopher Ross, eut repris ses tournées. Dans le but de mettre le Maroc et le Front Polisario autour de la table des négociations, surtout que «les membres du personnel de la Minusro sont prêts à aider à l’organisation d’un référendum s’il y a un accord entre les parties». «Ma visite vise à redonner espoir», a affirmé le huitième secrétaire général de l’ex-Société des nations en guise d’assurance.
Libye : « Profonde inquiétude »
La visite de Ban-Ki-Moon dans la région a concerné un autre dossier tout aussi brûlant et urgent à savoir celui de la Libye. Il a exprimé avec les responsables algériens sa « profonde inquiétude » vis-à-vis de cette situation d’instabilité de la région que le problème libyen génère. Il a salué le rôle que joue notre pays dans le rapprochement des parties libyennes en conflit qu’il soutient en se déclarant favorable à ce que «tous les acteurs extérieurs usent de leur influences pour calmer la situation». «Si les choses ne progressent pas sur le plan politique, la crise humanitaire s’aggravera et les atteintes à la sécurité, y compris les attaques de Daech, se multiplieront et gagneront du terrain.» Reste néanmoins que «parfois, la solution militaire est nécessaire», car, selon lui, «pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme, nous avons besoin d’une solution globale». Une déclaration qu’il atténuera en affirmant juste après qu’«il n’y a pas de solution militaire à un conflit quel qu’il soit». Pour M. Ban, il ne peut y avoir qu’une solution pacifique à une crise et qu’elle réside dans le dialogue inclusif. «C’est le meilleur moyen de régler un conflit.» Il dit espérer que les États membres des Nations unies vont être beaucoup plus attentifs et vont utiliser toutes leurs capacités pour agir.
L’avertissement du secrétaire général de l’ONU
La visite de Ban Ki-Moon en Algérie intervient dans un contexte sécuritaire explosif dans la région de l’Afrique du Nord et au Sahel. Elle est l’occasion pour le secrétaire général de l’ONU de se prononcer en faveur de la poursuite du dialogue inter libyen.
“Toute partie externe qui attisera le feu en Libye doit assumer les conséquences de ses agissements”, a averti, hier, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Ban Ki-Moon, pour son premier jour de visite à Alger, lors du point de presse qu’il a animé conjointement avec le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, au siège du ministère des Affaires étrangères. Ban Ki-Moon a affirmé, en effet, que la situation est “alarmante” en Libye, faisant part de sa préoccupation quant aux événements qui secouent l’ensemble du Maghreb et des régions du Sahel. “La situation en Libye, au Maghreb et au Sahel est préoccupante”, a-t-il indiqué. “Tout nouveau conflit ne fera qu’aggraver cette situation”, déjà catastrophique en Libye, a ajouté Ban Ki-Moon, précisant disposer de rapports accablants “sur des actes graves qui peuvent être considérés comme des crimes de guerre” en Libye.
Le secrétaire général de l’ONU a réagi en réponse aux partisans d’une intervention militaire en Libye, qui justifient un nouveau recours à la force par le blocage que connaît le processus de paix onusien, sous la conduite de l’envoyé spécial de l’ONU, Martin Kobler. “J’ai chargé mon envoyé spécial en Libye, Martin Kobler, de faciliter le dialogue politique” entre les parties libyennes, pour mettre fin à une crise humanitaire qui s’aggrave de jour en jour.
De son côté, M. Lamamra indique avoir réaffirmé au diplomate sud-coréen, d’une part, le soutien de l’Algérie à la Mission des Nations unies et de son représentant spécial et précisé, d’autre part, que la solution pacifique et politique est la seule permette à la Libye de retrouver sa souveraineté et la maîtrise de son destin. Le chef de la diplomatie algérienne dira également avoir fait part au SG de l’ONU du refus de l’Algérie de toute intervention étrangère en Libye, car elle causera des destructions dont «la Libye et nous-mêmes n’avons pas besoin».
Accord de paix au Mali : « Un succès commun »
La situation au Mali a également été évoquée. M. Ban Ki-moon dit avoir remercié le ministre des Affaires étrangères de «l’engagement que l’Algérie continue de manifester en faveur du Mali en tant que principal médiateur du processus de paix». Et d’annoncer que les deux parties ont convenu «de continuer à pousser pour que la médiation aboutisse». Le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération estime, pour sa part, que «c’est un succès commun». Il indique avoir insisté sur ce qu’il est possible de faire pour consolider ce succès et «le couronner par plus de progrès, à travers la lutte contre le terrorisme au nord Mali et le développement de projets qui doivent être présentés aux jeunes de la région comme alternative à la vie qu’ils ont eu jusqu’à présent». M. Lamamra dit que d’autres questions ont été évoquées, comme la lutte contre le terrorisme.
Lakdar Aizouni