«Les Sahraouis ont le droit à la dignité, la protection de leur droits humains et surtout à jouir de leur droit à l'autodétermination»

D’Alger, le Secrétaire général de l’ONU lance un appel urgent 
«Les Sahraouis ont le droit à la dignité, la protection de leur droits humains et surtout à jouir de leur droit à l’autodétermination»
Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a choisi Alger pour lancer un appel urgent à donner «plus d’attention et d’action» à la question du Sahara occidental occupé par le Maroc, insistant sur le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination. «Les Sahraouis ont le droit à la dignité, à la protection de leur droits humains et surtout à jouir de leur droit à l’autodétermination», a indiqué M. Ban, lors d’une conférence qu’il a animée devant les étudiants de l’Institut diplomatique et des relations internationales (Idri) à Alger. Le premier responsable de l’ONU, qui est à Alger depuis samedi soir, pour une visite de deux jours dans le cadre de sa tournée dans la région en vue de relancer les négociations pour le règlement du conflit au Sahara occidental, a reconnu que «la résolution de la question du Sahara occidental a beaucoup tardé» et que «la communauté internationale a longtemps négligé ce conflit avant que je nomme des personnes d’une certaine expérience pour s’occuper de ce dossier». Après une visite dans les camps des réfugiés Chahid El Hafedh et Smara ainsi qu’à Bir Lahlou, dans territoires libérés, M. Ban a été accueilli à l’aéroport Houari-Boumediène, par le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, avec qui il s’est longuement entretenu. Il a été reçu, également au cours de sa visite qui prendra fin aujourd’hui, par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et le Premier ministre Abdelmalek Sellal. L’entretien qui a réuni le responsable onusien avec le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a été une occasion pour l’Algérie de souligner à nouveau «l’impératif» du parachèvement du processus de décolonisation du Sahara occidental, comme l’a affirmé le chef de la diplomatie algérienne. «Nous avons évoqué, lors de nos discussions, le Sahara occidental et assuré au SG de l’ONU de l’impératif du parachèvement du processus de décolonisation du Sahara occidental à travers la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple du Sahara occidental», a déclaré M. Lamamra, lors d’un point de presse conjointement animé avec le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. Ce référendum, a-t-il soutenu, doit être «régulier, transparent et se dérouler dans des conditions favorables» au peuple sahraoui et à la communauté internationale. Pour sa part, M. Ban a annoncé avoir demandé à son émissaire pour le Sahara occidental de reprendre ses tournées dans la région pour tenter de relancer les pourparlers entre Rabat et le Front Polisario. «J’ai demandé à mon envoyé spécial Christopher Ross de reprendre ses tournées afin de créer une atmosphère propice à la reprise des pourparlers», a-t-il déclaré. Selon lui, Rabat et le Polisario «n’ont fait aucun progrès réel dans les négociations devant aboutir à une solution juste et acceptable par tous, fondée sur l’autodétermination du peuple du Sahara occidental». M. Ban a également annoncé qu’il «convoquerait prochainement une réunion de donateurs en vue de réunir des fonds pour que les besoins des réfugiés sahraouis puissent être satisfaits». M. Ban, qui était la veille au camp de réfugiés de Smara, près de Tindouf, s’est dit «profondément attristé par cette tragédie humanitaire». «Hier à Tindouf, j’ai rencontré des réfugiés qui souffrent depuis des générations. J’ai discuté avec des jeunes qui perdent foi dans l’avenir. Je leur ai promis de tout faire pour que les choses avancent», a-t-il souligné. Il a ajouté que les membres du personnel de la Mission de l’ONU pour le Sahara occidental (Minurso) étaient «prêts à organiser un référendum s’il y a accord entre les parties». Pour le moment, l’accord entre les deux parties est loin d’être gagné, puisque le Maroc continue de torpiller les efforts de l’ONU à trouver une solution au conflit du Sahara occidental. Pour preuve, le royaume chérifien a tenté de faire échouer la visite de M. Ban dans la région en demandant son renvoi à juillet, de sorte qu’elle n’influera pas sur le prochain rapport de Ban Ki-moon devant le Conseil de la sécurité prévu en avril. Les autorités marocaines, qui ont évoqué la non correspondance du calendrier de cette visite avec celui du roi Mohamed VI, veulent en fait bloquer tout progrès dans le dossier sahraoui pendant le mandat de Ban Ki-moon qui arrive à échéance en fin 2016, comme l’a déclaré le représentant du Front Polisario auprès de l’ONU, M. Ahmed Boukhari. «En voulant gagner du temps jusqu’à expiration du mandat de l’actuel Secrétaire général de l’ONU, le Maroc espère également que le changement prochain à la tête de la Maison Blanche jouerait en sa faveur», avait-il expliqué. Ce dernier n’a d’ailleurs pas manqué, à l’issue de ses entretiens avec Ban Ki-moon, d’ajouter que la visite du Secrétaire général de l’ONU dans les territoires sahraouis libérés et les camps des réfugiés amènera le Conseil de sécurité à reconsidérer la question sahraouie, soulignant que «la vision stratégique future sera en faveur de cette cause». Il a indiqué que cette visite était «un élément nouveau» dans les efforts onusiens pour le règlement du conflit au Sahara occidental, d’autant qu’il s’agit, a-t-il dit, de «la première visite d’un Secrétaire général onusien dans les territoires libérés. Elle aura sans doute un impact au sein du Conseil de sécurité à travers le rapport qu’il présentera en avril prochain». «C’est la France qui bloque le dossier sahraoui au niveau de cette instance onusienne, du fait qu’elle soutient l’occupation suivant son ancienne vision colonialiste», a-t-il affirmé tout en déplorant cette position. Déterminé à apporter sa «pierre aux négociations engagées pour régler ce différend de longue date et favoriser les pourparlers», comme il l’a lui-même déclaré, M. Ban a aussi affirmé, dans les camps des réfugiés, qu’il est nécessaire de trouver une solution qui permet au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination. «Aucun progrès réel n’a été réalisé afin de parvenir à une solution durable et juste qui permet au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination et c’est ce que demande le Conseil de sécurité depuis 2004», a déclaré M. Ban Ki-moon à la presse à l’issue de sa rencontre avec le président sahraoui, secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, et les membres du gouvernement sahraoui. Il a souligné que son objectif premier était de procéder à «une évaluation de la situation afin de pouvoir apporter sa propre contribution aux efforts visant à trouver une solution», exprimant sa volonté d’impulser le processus de règlement onusien d’autant plus que les entretiens qu’il a eus avec la direction du Polisario «avaient fait ressortir de bons éléments dans ce sens».
H. Y./agences

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